Le Journal de Quebec

UNE DISCIPLINE HERCULÉENN­E

Jean-françois Caron s’impose une hygiène de vie stricte

- Kevin Dubé KDUBEJDQ

Il est 7 h 15 du matin. Jean-françois Caron vient de terminer ses exercices d’étirement et il se prépare à déjeuner. Au menu, il n’y a ni céréales ni rôties. Le colosse de 6 pi 3 po et 330 lb se prépare plutôt à engloutir huit oeufs complets, une pièce de 300 g de boeuf, des petits fruits et un litre et demi d’eau. Ça, c’est le premier de six repas qu’il se concoctera dans la journée. Bienvenue dans la vie de l’homme fort le plus titré de l’histoire du pays !

Parce que Caron n’est pas le champion canadien incontesté des hommes forts en plus de figurer parmi les cinq hommes les plus forts du monde par hasard. Si la génétique joue un rôle important dans cette discipline, une autre partie est grandement attribuabl­e à la discipline de fer que s’imposent ces colosses.

PROTÉINES ET ENTRAÎNEME­NT

Lors d’une journée normale de préparatio­n à une compétitio­n, Caron engloutira au minimum 4 lb de viande et s’entraînera au moins 3 h.

« Manger, c’est le bout plate de mon travail, acquiesce Caron. Il faut que tu manges même si tu n’as pas faim. C’est devenu plus une nécessité qu’un plaisir. Par contre, à la longue, tu deviens un bon cuisinier parce que tu ne peux pas toujours manger la même chose. »

Un bon souper dans un restaurant ne fait donc pas partie des activités qu’il privilégie lorsqu’il a des temps libres.

« J’y vais avec ma blonde plus pour la sortie que pour la nourriture, car je dois manger avant. Sinon, ce que j’aime bien, ce sont les buffets. Je suis un amateur de fruits de mer et manger du homard à volonté, c’est un plaisir pour moi », raconte-t-il.

Le colosse assure d’ailleurs n’avoir besoin de personne pour le suivre et lui proposer une diète particuliè­re. Détenteur d’un diplôme d’études collégiale­s en production animale, il a d’abord et avant tout appris les bases de l’alimentati­on pour les animaux.

« Une fois que tu sais ça, tu réalises que les humains sont 20 ans en arrière en ce qui concerne l’alimentati­on. »

DÉMONSTRAT­ION

Si la nourriture joue un rôle important dans leur préparatio­n, c’est parce qu’ils doivent offrir à leurs muscles un apport suffisant pour soutenir les rigueurs de leur entraîneme­nt qui a de quoi complexer la majorité des adeptes de la fonte !

Seulement lors du passage du Journal au Santé X-trem Gym de Lac-saint-charles, dont Caron est coactionna­ire et où il s’entraîne, son poulain Jimmy Paquet, vedette montante de la discipline et deuxième au dernier championna­t canadien, et lui ont donné tout son sens à la locution « hommes forts ».

Ce matin-là, ils ne devaient pas s’entraîner aussi tôt. Une démonstrat­ion le week-end précédent, au cours de laquelle ils ont soulevé un VUS dans lequel ils ajoutaient graduellem­ent des amateurs, leur en avait donné pour leur argent.

Mais bon, puisqu’il faut ce qu’il faut, Caron et Paquet ont entamé leur routine sous les yeux attentifs de l’auteur de ces lignes. Première étape : le soulevé de terre, qui consiste à soulever une barre en utilisant presque uniquement le bas du dos.

« Comment ça fonctionne votre entraîneme­nt ? » a alors demandé le photograph­e du Journal, Stevens Leblanc, soucieux de réussir les meilleures photos possible pour ce reportage.

« On ajoute des plaques à chaque fois, jusqu’à ce qu’on force. On va commencer à forcer quand il va y avoir 800 lb », explique alors tout bonnement Jimmy Paquet.

La routine, quoi !

en profiter », estime-t-il.

Car ce ne fut pas toujours le cas. À une certaine époque, en plus de sa routine de compétitio­n, il était représenta­nt pour une compagnie de nourriture pour animaux en plus de travailler comme portier dans un bar de Québec.

PAS MILLIONNAI­RE POUR AUTANT

Maintenant, il peut respirer un peu. Notamment parce qu’il a évité les blessures graves qui mettent souvent un terme à la carrière des hommes forts. Mais n’allez pas croire qu’il est million- naire pour autant.

Lors du Festival des hommes forts de Warwick au début du mois de juillet, sa deuxième place derrière Hafthor Bjornsson lui a valu une bourse de 8000 $ US, sa meilleure en carrière.

« Je suis rendu à un stade où je pourrais en vivre, mais je garde le gym comme sécurité financière », explique celui qui ne s’est pas fixé d’âge pour la retraite.

« Tant que je vais être capable de suivre et de m’améliorer, je vais continuer. Quand ça va virer de bord, on verra. »

UN SPORT EN PROGRESSIO­N

S’il veut continuer à encaisser des bourses intéressan­tes, Caron n’a donc d’autres choix que de mettre les bouchées doubles à l’entraîneme­nt. La discipline des hommes forts étant en croissance, de plus en plus de jeunes loups débarquent sur le circuit avec des aptitudes hors de l’ordinaire.

Aujourd’hui, certaines charges soulevées par les athlètes à l’entraîneme­nt sont plus lourdes que ce qu’hugo Girard n’a jamais réussi à lever lors d’une compétitio­n.

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