Des athlètes renaîtront à Pyeongchang
Le Canada peut espérer mieux que ses 25 médailles d’il y a quatre ans Les XXIIIES Jeux olympiques d’hiver se dérouleront à Pyeongchang du 9 au 25 février prochain. À un mois du rendez-vous en Corée du Sud, Le Journal aborde les forces parmi les athlètes
La renaissance de certains champions après des blessures dramatiques et une banque de valeurs sûres permettent au Canada d’espérer améliorer sa récolte de 25 médailles d’il y a quatre ans aux prochains Jeux olympiques.
Un coup d’oeil à la liste des médaillés aux Jeux de Sotchi rappelle les sports dans lesquels le pays rôde habituellement autour du podium. Ça restera à voir au hockey masculin en l’absence des joueurs de la Ligue nationale, selon les experts dans les chaumières, mais la plupart des athlètes encore actifs qui y apparaissent – Humphries (bobsleigh), Kingsbury (bosses), Virtue/moir (patinage artistique), etc. – ainsi que les forces collectives traditionnelles – curling et hockey féminin – défilent régulièrement aux cérémonies des médailles.
MCMORRIS, D’ÉCLOPÉ À FAVORI
Voilà pour le rationnel. Ce que ce tableau ne révèle pas, cependant, c’est l’extraordinaire retour qu’ont dû effectuer certains médaillés depuis Sotchi, dont Mark Mcmorris, pour qui la nomination officielle d’hier dans l’équipe olympique de snowboard constitue une victoire en soi.
Le 25 mars dernier, lors d’une excursion hors-piste dans les Rocheuses canadiennes, le planchiste a percuté un arbre et s’est infligé des blessures majeures : fractures de la mâchoire, des côtes et du bras gauche, rupture de la rate et affaissement du poumon gauche. L’athlète bronzé olympique de 2014, champion des prestigieux X Games quelques semaines plus tôt, devait d’abord lutter pour sa santé avant d’évoquer les Jeux de Pyeongchang.
« Je suis si reconnaissant d’être encore en vie. Pour être honnête, j’étais presque sûr que j’allais mourir », avait notamment écrit l’athlète originaire de Regina sur son compte Instagram, une semaine après l’accident, accompagnant son message d’une photo le montrant intubé sur un lit d’hôpital de Vancouver.
Non seulement Mcmorris a remonté sur sa planche, mais il l’a fait comme s’il n’était rien arrivé dans sa vie en remportant l’épreuve de big air à la Coupe du monde de Pékin, le 25 novembre. Préqualifié grâce à ses résultats de la saison dernière, cette victoire a attesté qu’il sera l’un des plus sérieux candidats à cette discipline qui fait son entrée aux jeux, puis évidemment encore à celle du slopestyle.
MORRISON, MALGRÉ UN AVC
Le thème de la résilience souvent galvaudé en langage olympique s’applique aussi dans l’histoire de Denny Morrison, qui partage avec Gaétan Boucher le record de quatre médailles olympiques pour un patineur de vitesse de longue piste masculin canadien. En se qualifiant samedi dernier en vue de l’épreuve du 1500 m à Pyeongchang, l’athlète de 32 ans vivra ses quatrièmes jeux au terme d’un cycle olympique marqué par une fracture du fémur, résultat d’un accident de moto le 7 mai 2015, et surtout – rien de moins – d’un accident vasculaire cérébral le 23 avril 2016.
Le patineur originaire de Fort St. John, en Colombie-britannique, venait de compléter un voyage de 25 jours à vélo au printemps 2016 lorsqu’il séjournait à Salt Lake City avec celle qu’il a épousée l’été dernier, Josie Spence, également membre de l’équipe nationale. Secouriste certifiée, sa future épouse a noté des signes d’un AVC chez son homme avant de le conduire illico à l’hôpital.
Des examens dans les heures suivantes ont révélé l’impensable, un caillot sanguin au cerveau. La réaction rapide de sa conjointe et le niveau de forme de Morrison l’ont laissé sans dommages apparents.
« Aujourd’hui, ce n’est pas seulement une victoire pour moi. C’est un grand pas en avant et une grande victoire pour moi et mon équipe. J’espère que c’est aussi une victoire pour tous les survivants d’accidents vasculaires cérébraux et tous les autres qui ont passé au travers de passages similaires et qui savent que l’on commence avec des petits objectifs et qu’on les pousse de plus en plus. C’est cette accumulation de ces petits pas qui m’a amené jusqu’ici », a exprimé le double médaillé de 2014, samedi dernier, lors de sa sélection confirmée.
Peu importe leurs résultats à Pyeongchang, leurs parcours marquent déjà l’histoire.