La « vanlife » du Québec à la Californie
L’été dernier, Anthony Roberge a décidé de se jeter dans le vide.
Il a quitté son appartement, s’est débarrassé de la majorité de ses possessions et a déménagé… dans son véhicule.
Pas par obligation, pas parce qu’il était cassé. Par choix, tout simplement.
«J’ai fait plus de 50 spectacles partout au Québec dans la dernière année et je commençais à trouver ça dangereux de faire autant de route», explique l’auteur-compositeur-interprète de 26 ans. Tentant de combiner sa passion pour la musique à ses interminables voyages, Anthony a eu l’idée d’acheter une fourgonnette assez grande dans laquelle il pourrait coucher après ses spectacles.
Puis, petit à petit, son Mercedes Sprinter 2010 est passé de simple véhicule de tournée à… une maison. À une partenaire de roadtrip, même, qu’il a d’ailleurs surnommée Estelle.
Depuis son achat en mai, Anthony Roberge a entrepris une panoplie de modification dans le but de rendre ses séjours à bord d’estelle plus conviviaux. «J’ai ajouté un lit, installé des planchers en vinyle, mis de l’isolant en polyéthylène sur les murs, mis des planches de grange au plafond, ajouté des tiroirs et un poêle au propane», énumère le musicien originaire de Saint-fortunat.
À la fin du mois de juin, à quelques jours de l’expiration du bail de son appartement, Anthony était prêt. Prêt à laisser derrière lui un peu de stabilité au profit d’une vie plus aventureuse. «C’est quelque chose qui me rejoint beaucoup plus», confirme-t-il simplement.
GO WEST, YOUNG MAN
Après quelques mois à parcourir le Québec à bord d’estelle, Anthony a vu les journées rétrécir et les nuits se rafraîchir. Avec les hivers qu’on connaît, difficile de vivre dans son véhicule à temps plein au Québec.
Le 4 décembre, Anthony a donc pris la route vers les États-unis, en quête de températures un peu plus clémentes, mais aussi de nouvelles rencontres et de nouveaux paysages. «Je suis descendu rapidement vers Nashville, où j’ai passé quelques jours. J’ai ensuite roulé vers l’ouest en passant par Memphis, Oklahoma City, Amarillo», énumère-t-il.
Au moment de l’entrevue, à quelques jours de Noël, Anthony ne souciait pas des flocons ou de la vague de froid qui allait heurter le Québec. Il était plutôt sous le soleil de Santa Maria, en Californie.
PAS SI COMPLIQUÉE, LA VANLIFE
La transition de la vie en appartement à la route, Anthony Roberge l’accueille à bras ouverts. Et contrairement à ce que certains pourraient croire, on s’y habi- tue plutôt rapidement. Et assez facilement.
«Ma van est très subtile, alors je n’ai jamais vraiment eu de problème à trouver un endroit pour dormir», raconte-t-il. Les aires de repos sur le long de la route et les stationnements de Wal-mart sont vite devenus ses meilleurs amis.
Pour une bonne douche et un accès à des toilettes, un abonnement à une chaîne de salles d’entraînement lui est d’une grande utilité. «Ils sont partout aux ÉtatsUnis et ils ont des douches privées très propres. C’est un peu comme à la maison», dit-il en riant.
Ce voyage en solo, Anthony Roberge le savoure pleinement. «Ça me permet de rendre la vanlife plus agréable en évitant l’hiver, mais aussi de m’inspirer à créer de nouvelles chansons», expliquet-il, ajoutant qu’il en profite pour découvrir des artistes locaux et pour faire connaître sa propre musique.
Son hiver, il le passera à parcourir la Californie, l’utah et l’arizona. Puis, en mars prochain, quand l’hiver cédera sa place au printemps, il reviendra vers le Québec, où il a quelques spectacles à l’horaire. Mais n’allez pas croire qu’il abandonnera Estelle
pour autant.