Le Journal de Quebec

Pieds dans le drame

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se municipale karine.gagnon @quebecorme­dia.com

En plein coeur d’une situation de crise, tout sinistré souhaite que les autorités fassent le nécessaire pour qu’on lui vienne en aide rapidement. Il n’a pas besoin d’un maire ou d’une mairesse qui vienne faire le paon alors qu’il a les deux pieds dans le drame.

L’opposition à l’hôtel de Ville reprochait hier au maire de ne pas s’être déplacé sur les lieux en fin de semaine, alors que des inondation­s faisaient rage dans le secteur Duberger-les Saules.

Celui-ci s’est défendu, a rappelé que la conseillèr­e Dominique Tanguay était sur place, et a souligné qu’il avait suivi le déroulemen­t des opérations au fur et à mesure, en collaborat­ion avec la sécurité civile.

À l’entrée du Centre communauta­ire Les Saules, hier soir, où la sécurité publique et la Ville de Québec rencontrai­ent les sinistrés, pas un seul des citoyens rencontrés n’a manifesté une quelconque préoccupat­ion face au fait que le maire de Québec ait attendu à hier après-midi, soit 48 heures après le début des inondation­s, pour se rendre sur les lieux.

On peut aisément les comprendre. Si je perdais ma maison, mes souvenirs, une partie de ma vie, quoi ! je ne voudrais surtout pas qu’un maire vienne faire du spectacle devant chez moi pour se gagner des faveurs politiques.

Je voudrais plutôt savoir que les opérations de secours vont bon train et que des solutions sont mises de l’avant pour faire en sorte que la situation rentre dans l’ordre le plus rapidement possible.

« Quand bien même qu’il l’aurait fait (le maire), est-ce que ça nous aurait aidés ? », a soupiré Lucille Moisan, qui avait aussi vécu les inondation­s du 21 février 1981, survenues dans le même secteur.

MONTÉE RAPIDE

À cette époque aussi, révèlent les archives, l’eau était montée très rapidement. Tout comme l’ont raconté des sinistrés en fin de semaine, des gens décrivaien­t que leur maison avait été inondée en quelques minutes à peine.

Comme d’autres sinistrés, Mme Moisan aurait cru que le barrage construit en 1983, dans la foulée des épisodes d’inondation de l’époque, aurait évité un nouveau drame. Le problème, c’est que l’installati­on en question, le barrage Allard, qui se trouve à la hauteur du boulevard Saint-jacques, a été mis en place pour contrôler le débit de la rivière Saint-charles au printemps, lors du dégel.

Dans le cas présent, un embâcle s’est formé et le très épais couvert de glace, encouragé par le froid très intense qui a sévi pendant plusieurs jours, a cédé, mais après le barrage. La structure n’a donc pas eu d’effet sur l’embâcle.

Les archives révèlent aussi qu’en 1981, 48 heures après les inondation­s dans le même secteur, le maire Jean Pelletier exhortait le gouverneme­nt du Québec de venir en aide aux sinistrés, lors de la séance du conseil municipal.

On ne pourra pas reprocher aux autorités, cette fois, de s’être traîné les pieds. Aux côtés du maire sur les lieux, hier, le ministre Martin Coiteux a annoncé un programme d’aide spéciale. Les citoyens ont été rencontrés en soirée pendant plus de deux heures.

S’ARMER DE COURAGE

À leur sortie, les gens avaient encore évidemment beaucoup de questions, hier soir. Chaque cas est particulie­r et nécessiter­a d’autres démarches. Ils devront s’armer de courage.

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