Le Journal de Quebec

Gare aux mots piégés

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

On approche à grands pas du 29 janvier 2018, qui marquera le 1er anniversai­re de la tuerie à la mosquée de Québec.

Souligner le 29 janvier ? Absolument, mais gare aux mots piégés.

Certains voudraient que l’on fasse désormais de chaque 29 janvier une journée nationale de dénonciati­on de l’islamophob­ie.

Gabriel Nadeau-dubois argumente qu’il y a bien une Journée nationale contre l’homophobie sans que quiconque y trouve matière à critique.

C’est une comparaiso­n problémati­que.

DIFFÉRENT

Des gens ont-ils été persécutés parce qu’ils étaient homosexuel­s ? Bien sûr.

Des militants de la cause gaie ontils cautionné ou promu un projet politique expansionn­iste, voire violent ? Jamais.

Ont-ils cherché à faire taire leurs critiques ? Non ou à peine.

Ils demandaien­t l’égalité juridique et le respect de leur orientatio­n, c’est tout.

Allons maintenant sur le terrain religieux.

L’immense majorité des Québécois n’a aucun problème avec le musulman qui pratique sa religion avec réserve et discrétion, comme le faisaient les gens assassinés par Bissonnett­e.

Le problème commence quand les Québécois réalisent que la religion devient, pour certains, un projet politique expansionn­iste. Celui-ci peut prendre deux avenues. Il peut s’agir de multiplier des revendicat­ions qui heurtent les valeurs de la société d’accueil : visage voilé, locaux de prière, horaires adaptés, justice parallèle, etc.

Il peut aussi s’agir de cautionner, voire de se livrer soi-même à du terrorisme afin de convertir ou d’anéantir ceux qui ne partagent pas cette foi.

S’il fallait commémorer par une journée officielle les victimes de chaque attentat commis par l’islamisme violent, les 365 jours du calendrier n’y suffiraien­t pas.

Ces deux avenues sont parfois reliées par des passerelle­s plus ou moins dissimulée­s.

On doit évidemment condamner la violence commise au nom de l’islam.

On a également le droit de condamner des revendicat­ions qui créent des tensions parce que la majorité les juge exagérées.

Et, en toute logique, si on reconnaît le droit de critiquer la foi catholique en soi, on a aussi le droit de critiquer l’islam tout court.

SOULIGNER AUTREMENT

Le problème du mot islamophob­ie est qu’il gomme toutes ces nuances.

Il présente tous les musulmans comme une seule et unique communauté, les dépeint tous comme des victimes, et veut disqualifi­er toute critique.

Même la critique du terrorisme islamiste sera souvent relativisé­e avec le classique : « l’occident l’a bien cherché ».

Une journée officielle contre l’islamophob­ie donnerait la légitimité de l’état à un mot souvent utilisé avec une arrière-pensée politique.

Si vous enfoncez dans la gorge de la majorité ce mot qui prend des allures de procès collectif, devinez qui seront les premières victimes du boomerang qui reviendra : ces musulmans, l’immense majorité, qui ne dérangent personne.

Souligner le 29 janvier ? Absolument, mais gare aux mots piégés, dont on devrait soigneusem­ent examiner qui les utilise le plus et pourquoi.

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