Anges du froid
C’est fou comme la vie de certaines personnes s’avère marquante.
Je pense au père Emmett Johns qui vient de nous quitter. Pendant de nombreuses années, à Montréal, il a pris soin des jeunes de la rue.
Dans les nuits d’hiver, il stationnait sa roulotte pour offrir un café ou un hot dog à ceux qui avaient froid. Il prenait le temps de discuter avec ces gens chez qui d’autres n’auraient vu que des marginaux sales et mal engueulés.
Il aimait ces jeunes, qui l’appelaient Pops, sans quoi il n’aurait pu faire tout ça.
FAIRE UNE DIFFÉRENCE
On est marqué avec raison par ces existences consacrées aux autres, ces « mère Teresa » locales qui font la différence dans la vie de tant de personnes. À Québec, il y a Gilles Kègle qui fait un travail admirable pour les laissés-pour-compte.
Certains se méfient de ces gens, qu’on soupçonne parfois de prosélytisme religieux. L’espiègle Pops avait enlevé le « Bon Dieu » de son « Dans la rue », gardant sa sévérité de clerc pour les policiers et les donateurs.
Ces vies d’engagement nous enseignent que si le monde a trop tourné pour qu’on le refasse au complet, on peut quand même agir significativement pour changer ce qui est à notre portée. Pas besoin de s’astreindre aux mêmes sacrifices qu’un Emmett Johns pour faire une différence, si minime soit-elle.
FROIDURE HIVERNALE
Un exemple vient en tête, alors que dans le quartier Duberger, à Québec, des résidences sont prises dans l’eau et les glaces. Depuis samedi, policiers, pompiers, main-d’oeuvre spécialisée et Croix-rouge sont à pied d’oeuvre, dans des conditions très difficiles, pour soutenir les sinistrés.
Ces personnes ne travaillent peut-être pas de manière aussi désintéressée qu’emmett Johns et composent avec des problématiques moins intimes que l’exclusion sociale. Ces jours-ci, ils donnent néanmoins un petit quelque chose de plus pour aider les gens.
Dans la froidure hivernale, ce sont des anges qui veillent sur nous.