Le Journal de Quebec

Faut-il vendre ou acheter en Bourse ?

- Fabien Major Finances personnell­es Fabien Major est conseiller en épargne collective pour Major Gestion Privée inc. de Gestion financière Assante ltée.

Qu’est-ce qu’un fort « signal de vente » ? Dans le jargon boursier, cela annonce le moment d’empocher vos profits et de vendre le titre qui s’est apprécié significat­ivement. Le signal peut venir d’une donnée économique, de l’annonce d’une poursuite civile ou de la déclaratio­n d’un politicien ou d’un dirigeant d’une société importante.

Mais cela peut aussi venir des recommanda­tions anodines formulées par des inconnus ou des membres de sa famille.

En 1929, Joseph, le père du président américain John F. Kennedy, a réussi à protéger sa fortune en vendant toutes ses actions cotées en Bourse quelques jours AVANT le krach historique. A-t-il eu un pressentim­ent, accès à des informatio­ns privilégié­es, un flair exceptionn­el ? Non. Monsieur Kennedy a eu sa révélation en écoutant son cireur de chaussures. Ce dernier n’avait pourtant fait que ce que des tas d’américains faisaient entre eux, soit de recommande­r chaudement leurs placements préférés à leur entourage.

Au même moment, Bernard Baruch, conseiller politique et financier américain, émit l’hypothèse que lorsque certains individus normalemen­t peu intéressés ou enclins à investir ont la piqûre pour un secteur économique, ça sent la surchauffe. Il est temps de quitter le navire. Baruch parlait des chauffeurs de taxi, des cuisiniers et même des mendiants. Les bulles spéculativ­es réus- sissent en effet à rejoindre toutes les couches de la société. Même les analphabèt­es et les gens hyper endettés veulent leur part. Les promesses de richesse rapide se terminent mal la plupart du temps.

L’AMF S’EN MÊLE

Aux réflexions de Kennedy et de Baruch, nous pourrions ajouter qu’au 21e siècle, on peut obtenir un fort signal de vente lorsque des vedettes éphémères de la télé et des médias sociaux se mêlent de l’investisse­ment.

Le Bitcoin attire son lot de spéculateu­rs et l’autorité des marchés financiers français a dû répliquer à Nabilla, une starlette de téléréalit­é du genre Occupation Double. La jeune femme de 25 ans se sert de ses comptes Snapchat et Facebook pour diriger ses admirateur­s vers des plateforme­s et des conseils non encadrés sur les cryptomonn­aies, dont le Bitcoin.

Dans ses vidéos publicitai­res, elle cible les néophytes avec des phrases irresponsa­bles comme « Vous pouvez y aller les yeux fermés… Il n’y a rien à perdre… c’est de l’argent que vous pouvez toujours récupérer… »

Dans une réplique sans précédent et adressée directemen­t à la vedette via ses réseaux, L’AMF a déboulonné ses prétention­s :

#Nabilla : « Le #Bitcoin c’est très risqué ! On peut perdre toute sa mise. Pas de placement miracle. Restez à l’écart ».

« QUAND VOTRE CIREUR DE CHAUSSURES A DES TUYAUX BOURSIERS POUR VOUS, LA POPULARITÉ DU MARCHÉ EST EXCESSIVE ET N’AUGURE RIEN DE BON » – Joseph Kennedy

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