Départ d’une députée modèle
Défendre le fort péquiste pendant 20 ans à Québec, voilà un défi qui impliquait de travailler d’arrache-pied et de faire preuve d’un très grand instinct politique. Ce sont là de précieuses qualités qui ont modelé la carrière d’agnès Maltais.
Modèle de députée par excellence, en ce qu’elle est très dévouée, travaillante, et n’a pas la langue de bois, l’élue de Taschereau a toujours très bien compris la joute politique. Elle a aussi toujours joué franc jeu. On ne fait pas 20 ans de carrière dans ce milieu impitoyable par hasard.
C’est dans ce contexte que l’élue péquiste, qui a annoncé hier qu’elle ne solliciterait pas de nouveau mandat, a fait partie de ceux qui étaient surnommés les « trois amigos ». Avec Sam Hamad et Gérard Deltell, alors respectivement députés libéral et adéquiste, elle n’a pas hésité à faire front commun sur des dossiers prioritaires et pour défendre les intérêts de la région de Québec.
Le maire Labeaume se rappelait ces belles années avec nostalgie, hier, référant à ce défunt trio d’anthologie qui a permis de faire avancer plusieurs dossiers dans la région, dont celui de l’amphithéâtre.
Puis sans l’intervention de Mme Maltais, le projet d’agrandissement du Musée national des beaux-arts, avec l’aménagement du pavillon Lassonde, aurait été abandonné. Ardente défenseure du transport en commun et du projet de transport structurant pour Québec, elle continue d’être une précieuse alliée dans ce dossier.
Son excellente connaissance des dossiers et sa propension à les défendre sur toutes les tribunes ont par ailleurs attiré à la députée de Taschereau le respect de personnes de tous les horizons. Ainsi, dans une région à droite toutes, ces dernières années, Mme Maltais n’a jamais hésité à défendre une vision et des convictions plus à gauche. Et à les défendre en étayant ses arguments jusqu’à abattre l’adversaire.
Depuis ses débuts en politique, Agnès Maltais s’est attiré le respect de personnes de tous les horizons.
BRÛLÉE, MAIS SEREINE
Il était clair, hier, que Mme Maltais était en paix avec son départ prochain. On la sentait émue, mais bien en contrôle et surtout, sereine avec sa décision. Son entourage l’était manifestement aussi.
La députée est fatiguée, même brûlée et souhaite retrouver sa liberté. Maintenant, aurait-elle été aussi épuisée si le PQ avait eu le vent dans les voiles, ou de meilleurs résultats dans les sondages sur les intentions de vote ? Voguer ainsi à contre-courant, tout en étant la seule élue péquiste depuis de nombreuses années, ça finit clairement par user. Ce ne sont pas des prédispositions pour déborder d’énergie.
Quant aux rumeurs qui voient Mme Maltais candidate à la mairie de Québec en 2021, la principale intéressée a bien rigolé lorsque la question lui a été posée hier. On me dit qu’elle n’a nullement l’intention de répéter l’erreur de Louise Harel. Celle-ci n’est jamais parvenue à se faire élire mairesse de Montréal après avoir quitté la vie politique provinciale.
Quoi qu’il en soit, l’expérience de Mme Maltais manquera beaucoup à la région, et ce, à bien des niveaux.