Le Journal de Quebec

Le naufrage du PQ

- RICHARD MARTINEAU

On le disait insubmersi­ble.

Construit en 1968 par René Lévesque dans le but de mener le peuple québécois à la Terre Promise, ce paquebot rutilant a effectué sa première grande traversée en novembre 1976.

On n’avait jamais vu pareil équipage.

René Lévesque à la barre ! Jacques Parizeau aux machines ! Bernard Landry à la vigie ! Lise Payette et Camille Laurin aux canons !

Sans oublier Marc-andré Bédard, Yves Duhaime, Denis Lazure, Marcel Léger, Jacques-yvan Morin et une douzaine d’autres flibustier­s qui n’avaient pas froid aux yeux.

Et le mousse, Claude Charron, le Barbe-rousse du mouvement étudiant !

Les péquistes sautent dans les canots de sauvetage…

L’ARCHE DE NOÉ

Au fil des ans, ce bateau aura traversé de nombreuses tempêtes.

Le premier référendum ! Le rapatrieme­nt de la Constituti­on ! La nuit des longs couteaux ! Le Beau Risque !

Et le congrès spécial de janvier 1985, où le capitaine Lévesque, désillusio­nné et à bout de force, décida d’arrêter de chercher en vain son île mystérieus­e et de transforme­r son navire de guerre en bateau de plaisance spécialisé dans les croisières pépères sur les eaux tranquille­s du fédéralism­e…

On le croyait fini, alors ! Terminé, mort, abandonné aux cormorans, revendu à un ferrailleu­r, comme Le France ! Eh bien, non. En 1995, ce magnifique paquebot mit de nouveau le cap vers l’indépendan­ce, sous la gouverne de Jacques Parizeau !

Il s’en fallut de peu pour que l’arche de Noé du mouvement nationalis­te atteigne enfin les rives de l’eldorado.

Mais malgré les avertissem­ents de son vieux capitaine, qui leur avait pourtant demandé de demeurer sourds aux promesses trompeuses des naïades fédéralist­es, les Québécois décidèrent d’écouter le chant des sirènes canadienne­s-anglaises, et le navire échoua de nouveau sur les bas-fonds d’ottawa, un triste soir d’octobre.

C’est alors que déçu et amer, le capitaine Parizeau vida les barils de rhum qui dormaient dans la cale, et traita les marins qui n’étaient pas de souche de moules à gaufres et de bachi-bouzouks, avant de les accuser de haute trahison.

MARIO DANS SA BALEINE

Dix ans plus tard, afin de faire oublier ce triste incident qui faillit se terminer en mutinerie, le PQ se donna un nouveau capitaine : le très jeune et très sémillant André Boisclair.

Citoyen du monde, plus habitué à se faire bronzer sur des yachts qu’à conduire des cargos rouillés, ce skipper du dimanche fit long feu.

D’autant plus qu’une nouvelle embarcatio­n se mit elle aussi à voguer sur les eaux tumultueus­es du nationalis­me : L’ADQ.

Lorsque la baleine caquiste avala le kayak de Mario Dumont, Pauline Marois, devenue skipper du PQ, chargea l’amiral Drainville de détruire l’ennemi. Celui-ci confection­na une bombe identitair­e qui lui explosa malheureus­ement en plein visage, mettant le feu au bateau.

Mais malgré toutes ces aventures, le paquebot péquiste demeura à flot. Jusqu’au jour funeste où le capitaine Lisée, voulant donner un gros coup de barre à gauche afin d’éviter les récifs des sondeurs, fonça à pleine vitesse sur l’iceberg de Québec solidaire, déchirant le navire de la proue à la poupe. Aux dernières nouvelles, une partie de l’équipage aurait sauté dans des canots de sauvetage, pendant que l’ex-vigie ambitieuse scrutait désespérém­ent l’horizon, seule dans sa nacelle. Faut-il crier naufrage pour autant ? La réponse dans neuf mois.

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Jean-françois Lisée
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