Le Journal de Quebec

Des manifestan­ts invoquent l’arrêt Jordan

Ils ont été entendus seulement 33 mois plus tard

- MARTIN LAVOIE

La cour municipale de Québec a entendu, hier, le recours de 165 manifestan­ts demandant l’arrêt des procédures dans la contestati­on d’un constat d’infraction reçu en mars 2015.

Le 24 mars 2015, une manifestat­ion contre l’austérité devant le parlement de Québec est déclarée illégale par la police. Plusieurs personnes arrêtées reçoivent une amende de 214 $ pour une infraction à l’article 19.2 du règlement municipal, interdisan­t de participer à une manifestat­ion illégale. Parmi elles, 165 invoquent maintenant l’arrêt Jordan pour délais déraisonna­bles.

Dans une cause type, une seule manifestan­te, Amal Hasban, est venue témoigner. Elle a invoqué l’incertitud­e, dans les 33 mois séparant la réception du constat d’infraction et la comparutio­n, hier, des conséquenc­es financière­s et a souligné l’anxiété de se voir arrêter de nouveau.

Pour l’avocat des manifestan­ts, Enrico Théberge, « il est clair que le délai est de 18 mois » dans le cas d’infraction­s statutaire­s de ce genre. Me Théberge a aussi affirmé qu’au-delà de la contestati­on constituti­onnelle de l’article 19.2, la preuve n’a pas encore été faite que ses clients ont réellement commis une infraction. « Le débat n’a pas pu être fait parce que les gens n’ont pas été convoqués avant août 2017, 13 mois après que l’arrêt Jordan a été rendu. »

RÉPLIQUE

Steve Marquis, le procureur de la Ville, a pour sa part plaidé que l’arrêt Jordan prévoit des exceptions pour les causes complexes. Me Marquis affirme que le ministère a voulu être « bon joueur » en ne procédant pas, alors que la constituti­onnalité de l’article 19.2 fait toujours débat.

Une majorité des 165 défendeurs ont d’ailleurs invoqué, dans leur contestati­on, l’inconstitu­tionnalité de l’article. Cette constituti­onnalité a été validée par la Cour de Québec et la Cour supérieure, mais fait l’objet actuelleme­nt d’un troisième appel. Sur ce point, la juge Sabrina Grand a fait remarquer au procureur que lorsque la Ville a convoqué la partie défenderes­se, en août dernier, la constituti­onnalité se trouvait toujours devant un tribunal supérieur.

Me Marquis a ajouté que 26 des défendeurs n’avaient toujours pas rempli leur affidavit, alors qu’on lui reproche de ne pas procéder assez rapidement.

La juge Grand rendra son verdict le 14 février.

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