Psychologie du millénial radicalisé
La semaine passée, une étrange nouvelle s’est mise à circuler sur les médias sociaux. Elle nous venait de Grande-bretagne.
Suite à l’intégration sur Netflix de la série Friends, considérée comme un classique en son genre, le journal The Independent a interviewé des milléniaux, pour savoir ce qu’ils en pensaient.
Allaient-ils s’extasier devant cette série culte ? Allait-on plutôt découvrir à leur contact qu’elle avait mal vieilli ?
FRIENDS
Il fallait s’y attendre : ils n’ont pas aimé. Ils ont un malaise devant sa représentation des rapports hommefemme. La série serait homophobe et transphobe.
Elle serait même un peu raciste dans la mesure où elle ne ferait pas assez de place aux « non-blancs ».
Pire : elle serait grossophobe. Grossoquoi ? Grossophobe. C’est la nouvelle catégorie créée par la sociologie militante pour victimiser systématiquement les personnes en surpoids.
On dirait que chaque année, on invente de nouvelles phobies.
Je ne suis pas Américain. Mes séries de référence sont québécoises. J’ai passé une partie du temps des Fêtes à revoir Scoop et les trois premières saisons de Lance et compte.
En gros, je me suis plongé dans le Québec d’il y a 25-30 ans.
Et autant je m’émerveillais devant ces séries, autant je m’esclaffais en pensant à la réaction des jeunes âmes effarouchées qui paniqueraient devant certaines scènes. Elles hurleraient au scandale.
Ce qui est fascinant avec la psychologie politique des millénaux, c’est qu’elle fonctionne à la purge et à la tentation purificatrice.
Ils ne tolèrent tout simplement pas de voir le monde avec d’autres yeux que les leurs.
Je le dis sincèrement : la guerre des générations n’a rien de bon et les milléniaux ont leurs vertus.
Mais une certaine frange parmi eux (j’insiste, je parle d’une certaine frange) se laisse facilement gagner par une fièvre accusatrice. Elle accuse notre civilisation de tous les crimes.
Caricaturons un peu, et même beaucoup : l’idéal du millénial radicalisé c’est l’individu-absolu.
Il refuse qu’on lui dise s’il est un homme ou une femme. Il décidera. C’est pour cela qu’il s’enthousiasme pour toutes les causes qui brisent les catégories traditionnelles, comme les fameuses toilettes mixtes pour trans.
Il déteste qu’on l’associe intimement à un pays : il se veut citoyen du monde et seulement lié aux appartenances qu’il choisit. Facilement, il traite de racistes ceux qui disent le contraire.
INTOLÉRANCE
Le millénial est paradoxal. Il ne cesse de prêcher la tolérance, mais se montre particulièrement intolérant envers ceux qui ne voient pas le monde comme lui.
C’est pour cela qu’il se donne souvent le droit, sur les campus universitaires, d’interdire telle ou telle conférence qui heurte ses valeurs. Il justifie la censure si elle s’exerce au nom de la sensibilité des minorités auxquelles il donnerait le Bon Dieu sans confession.
Mais les défauts des milléniaux ne sont-ils pas ceux que nous leur avons transmis ?
Lorsqu’ils regardent Friends et s’étranglent d’indignation, n’expriment-ils pas simplement tous un biais idéologique du politiquement correct dans lequel ils ont été élevés ?