Émouvant et bouleversant
La pièce Hôtel-dieu est une plongée en apnée dans la souffrance, le deuil et la survie
La maladie, la souffrance et le deuil sont des étapes de vie incontournables et difficiles. Hôtel-dieu est une plongée en apnée, touchante, bouleversante et troublante, dans les émotions générées par ces épreuves souvent marquantes.
À l’affiche jusqu’au 3 février au théâtre Les Gros Becs, en raison des travaux de rénovation qui se poursuivent au Périscope, Hôtel-dieu lance avec puissance l’année théâtrale 2018.
Création en trois temps, mise en scène par Alexandre Fecteau, Hôtel-dieu aborde la souffrance et le deuil, par l’entremise de gens qui ont traversé des épreuves lourdes et immensément tristes.
Des « experts » qui ont vécu des moments difficiles et qui ne sont pas comédiens racontent leurs histoires. Une danseuse contemporaine, frappée par la sclérose en plaques, une jeune Colombienne, qui a survécu à une maladie rare du sang, et une infirmière, qui côtoie la mort au quotidien dans une unité de soins palliatifs.
On retrouve aussi deux hommes, dont la soeur s’est enlevé la vie, un jeune homosexuel, forcé de quitter sa famille Témoins de Jéhovah, et une femme, qui a perdu son bébé avant sa naissance.
Présenté à une centaine de mètres de l’hôpital du même nom, Hôtel-dieu est une oeuvre bouleversante. Les histoires, présentées avec des éléments de jeu et de mise en scène, sont véritables. Rien n’a été inventé.
LA LUMIÈRE
La partie sur le deuil est particulièrement touchante et remuante. Les reniflements résonnaient et les larmes coulaient un peu partout dans la salle.
Des moments d’émotions allégés, heureusement, par des éléments d’humour, souvent remplis de cynisme.
L’inexpérience de scène des « comédiens », sauf pour Guillaume Pepin, ajoute à la véracité de l’oeuvre. Ils ont vécu des épreuves difficiles et c’est doublement touchant de les entendre partager ces événements intimes de leurs vies. Il est difficile de ne pas admirer leur courage.
Au retour de l’entracte, une trentaine de spectateurs se retrouvent derrière le décor pour expérimenter quelques rituels qui ont permis aux « comédiens » de survivre à ces moments difficiles.
Le dernier droit de la pièce, lumineux, permet au spectateur de sortir de la noirceur et fait réfléchir sur le sens de la vie.
« Une sortie de course à pied, c’est comme passer la balayeuse dans mon esprit », lance Michèle Tousignant, survivante d’une mortalité périnatale. HôtelDieu, c’est aussi un spectacle sur la vie.