Le Journal de Quebec

« Le travail commence » pour les résidents de Duberger-les Saules

Une semaine après une inondation aussi subite que dommageabl­e

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

Conteneurs, remorqueus­es, pelles mécaniques et de nombreuses paires de bras s’activaient, hier, dans Duberger-les Saules, afin de s’attaquer aux importants dégâts qu’a entraînés l’inondation aussi subite que dommageabl­e, une semaine plus tôt.

Le 13 janvier, Hasni Monji a vu la rivière Saint-charles déferler à travers ses beaux jours. « Ma bâtisse, c’est ma retraite », dit l’homme de 63 ans, qui habite le rez-de-chaussée de son triplex de l’avenue Grandbois.

« Tout est à changer. Je vois ça comme une catastroph­e. Je vais perdre au moins un autre 30 ou 35 000 $ », déplore M. Monji, dont le sous-sol fraîchemen­t rénové, qu’il louait, a été submergé par cinq pieds d’eau.

Les dégâts maintenant constatés, le sexagénair­e n’est pas au bout de ses peines. L’homme en était à concasser l’épaisse couche de glace qui obstrue son entrée de cour (voir photo 3). Dans l’espoir de dégager l’accès aux logements, mais aussi pour extirper des glaces son véhicule.

« La voiture est pleine à moitié ! », s’exclame-til, désignant l’eau figée en glace jusqu’au volant à l’intérieur de l’habitacle (voir photo 2).

CRÈVE-COEUR

De quoi rendre les dégâts d’autant plus crèvecoeur, Hasni Monji avait récemment rénové entièremen­t le sous-sol en compagnie d’un ami, son « mentor », décédé l’an dernier.

« Il s’assoyait, prenait une bière et me guidait. Il a tout fait pour moi », se rappelle-t-il.

Loin de remettre en question son investisse­ment, M. Monji affirme qu’il ne pouvait s’attendre à tel coup du destin, lui qui habite l’endroit depuis 27 ans.

« J’ai tout fait. C’est ça qui me fait suer. J’ai travaillé tellement fort pour économiser [en rénovant le sous-sol], et là je dois le donner en contrat », regrette-t-il.

« SCRAPS, FINIS »

Hasni Monji n’est évidemment pas le seul propriétai­re du secteur qui a vu ses économies partir au large.

Martin Auclair possède deux immeubles à logements et un chalet sur l’avenue Saint-léandre. Tapant du pied en face de ceux-ci dans l’attente d’y avoir finalement accès, il anticipait le pire à quelques heures d’investir les lieux.

« Les sous-sols sont pleins d’eau. Ils sont scraps, finis », assure-t-il, pointant les démarcatio­ns de glace qui atteignent le rez-de-chaussée de ses immeubles.

Le bilan aurait toutefois pu être funeste, à son avis. « On est chanceux. Il y a plusieurs logements dans des sous-sols sur la rue. Si ça arrivait de nuit, il y aurait eu des morts. J’ai trois enfants, il y en a deux qui jouent toujours près de la rivière. Ils auraient pu mourir », illustre M. Auclair.

Au-delà des biens matériels, la perte de souvenirs chers écorche certains résidents, contraints à les jeter dans les conteneurs fournis par la Ville. « Le travail commence. C’est un peu triste. Ma femme a perdu des boîtes de photos de famille dans l’eau. Il y a beaucoup de souvenirs perdus. Il faut tourner la page et se dépêcher à sortir ça », constate Alain Roberge.

 ?? PHOTOS PASCAL HUOT ET AGENCE QMI, GUY MARTEL ?? 1. L’eau qui s’est retirée a forgé des paysages saisissant­s. 2. L’intérieur de la voiture de Hasni Monji a été envahi par la glace. 3. M. Monji s’affairait, hier, à concasser l’épaisse couche de glace dans son entrée. 4. Nombreux sont les soussols dont...
PHOTOS PASCAL HUOT ET AGENCE QMI, GUY MARTEL 1. L’eau qui s’est retirée a forgé des paysages saisissant­s. 2. L’intérieur de la voiture de Hasni Monji a été envahi par la glace. 3. M. Monji s’affairait, hier, à concasser l’épaisse couche de glace dans son entrée. 4. Nombreux sont les soussols dont...

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