Le Journal de Quebec

1 employé fédéral sur 8 gagne 100 000 $

Les juges, ingénieurs, médecins, avocats et hauts fonctionna­ires du gouverneme­nt franchisse­nt ce salaire

- BORIS PROULX ET ÉMILIE BERGERON

OTTAWA | Le nombre d’employés du fédéral dont le salaire annuel a franchi la barre symbolique des 100 000 $ a explosé dans les six dernières années, avec une hausse de près de 60 %.

Ce sont plus de 33 000 fonctionna­ires, cadres ou juges sur les quelque 263 000 que compte Ottawa qui font partie de cette liste dorée, obtenue par Le Journal grâce à la Loi sur l’accès à l’informatio­n.

Pour l’année fiscale 2016-2017, c’est le huitième, ou 12,7 % de toute la fonction publique qui gagnait dans les six chiffres. C’est beaucoup plus que les 7,4 % qui ont touché ces salaires lors de l’année 2010-2011.

ANCIENNETÉ

Le portrait dressé par le Secrétaria­t du Conseil du Trésor (SCT) et obtenu par le Journal ne tient pas compte des primes au rendement, du paiement d’heures supplément­aires ou autres bonus. Résultat : un nombre encore plus grand de fonctionna­ires pourrait avoir empoché plus de 100 000 $ l’an dernier.

Le vieillisse­ment de la fonction publique expliquera­it au moins une partie de cette hausse selon l’institut profession­nel de la fonction publique, syndicat qui représente des scientifiq­ues et profession­nels du fédéral.

Le salaire moyen de ces profession­nels frôle les 100 000 $ par an, et pourrait le dépasser à mesure qu’ils gagnent en ancienneté.

Le Secrétaria­t du Conseil du Trésor confirme que la plupart des employés qui touchent ce salaire sont des profession­nels, comme des ingénieurs, des juges, des avocats et des hauts fonctionna­ires. Il recense aussi une hausse des postes de direction avec le temps.

« Le contrôle des salaires dans les provinces, comme le Québec, est beaucoup plus sévère qu’au fédéral », croit pour sa part Rémy Trudel, professeur d’administra­tion publique à L’ENAP.

Il voit dans l’augmentati­on des hauts salaires une preuve de plus que le fédéral n’hésite pas à délier les cordons de sa bourse pour les dépenses en personnel.

Tous les ministères et organismes contactés par Le Journal ont assuré respecter les normes fédérales en matière d’emploi, et ont avancé diverses raisons pour ces hausses, comme la rétention d’employés de haut niveau ou la grande taille des organisati­ons.

MINISTÈRES

Les plus gros ministères, comme l’agence du revenu, la Défense nationale ou Services publics et Approvisio­nnement sont aussi ceux qui ont le plus d’employés dans la liste des mieux payés.

Par contre, de plus petits organismes figurent au sommet du classement si on examine la proportion de leurs employés qui gagnent plus de 100 000 $ par an.

« Ceux-là sont probableme­nt des employés très spécialisé­s, qui ont beaucoup de diplômes », analyse Pierre P. Tremblay, professeur associé d’administra­tion publique à L’UQAM.

La rémunérati­on, incluant les heures supplément­aires, coûte environ 39,6 G$ par an aux contribuab­les canadiens, sur un budget total de plus de 315 G$.

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PHOTO BORIS PROULX Des milliers de fonctionna­ires qui travaillen­t au parlement d’ottawa touchent un salaire annuel de 100 000 $.

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