Une pilule amère pour Donald Trump
Un an après son investiture, le président américain confronté à une fermeture de l’administration fédérale
WASHINGTON | (AFP) Un an jour pour jour après son arrivée au pouvoir, Donald Trump était confronté hier à une fermeture partielle de l’administration fédérale dont la durée, liée aux âpres négociations budgétaires en cours au Congrès, était imprévisible.
« C’est le premier anniversaire de ma présidence et les démocrates voulaient me faire un joli cadeau », a ironisé le président américain dans une série de tweets matinaux.
Au moment où les élus se retrouvaient au Congrès, le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan a estimé que les démocrates étaient les seuls responsables de l’impasse politique.
« Nous faisons de drôles de choses à Washington, mais là, c’est de la pure folie », a-t-il lancé.
Pour Donald Trump, qui se targuait en campagne d’être passé maître dans l’art de la négociation, la pilule est amère.
Le 45e président des États-unis, qui avait prévu de passer le week-end dans son club privé de Mar-a-lago, en Floride, où il devait célébrer son « anniversaire » lors d’une soirée de collecte de fonds, a été contraint d’annuler son déplacement.
Le dernier shutdown remonte à 2013, sous l’administration de Barack Obama. Il avait duré 16 jours.
« SEULE CHOSE À FAIRE : ATTENDRE »
Les effets du shutdown, psychodrame récurrent de la vie politique américaine, devraient être nettement plus marqués à partir de , si aucune solution n’a été trouvée d’ici là.
Il se traduira par la mise au chômage technique de centaines de milliers d’employés fédéraux considérés comme « non essentiels ».
Les activités de nombreuses agences, comme les services fiscaux, seront réduites, mais les services de sécurité seront globalement épargnés. Les 1,4 million de militaires américains poursuivront leurs opérations, mais sans être payés.
« Nous n’avons qu’une seule chose à faire : attendre et voir ce qui va se passer. C’est un peu effrayant », expliquait hier à L’AFP Noelle Joll, employée fédérale de 50 ans contrainte au chômage technique à Washington.
À New York, la statue de la Liberté était fermée au public pour le week-end.
« Il y a des soldats américains qui s’apprêtent à passer six mois au Koweït et qui s’inquiètent de ne pas être payés tout de suite. C’est inconcevable », a déclaré le vice-président Mike Pence durant une escale à Shannon (Irlande), où il a croisé des militaires américains en transit.
IMMIGRATION
Le président américain a multiplié hier les échanges téléphoniques avec les ténors du Congrès, mais aucun signe de progrès tangible n’était perceptible en milieu d’après-midi.
De son côté, le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, ironisait sur la difficulté de négocier avec un président « qui change tout le temps de position ».
Donald Trump accuse l’opposition de négliger les intérêts fondamentaux du pays.
« Les démocrates sont bien plus préoccupés par les immigrants illégaux que par notre grande armée ou la sécurité à notre dangereuse frontière sud », a-t-il tweeté.
Point de discorde central : les démocrates exigent une avancée sur la régularisation de centaines de milliers de clandestins arrivés jeunes aux États-unis, et dont le statut temporaire accordé sous Barack Obama a été supprimé en septembre.
Quand Donald Trump a abrogé ce programme Daca, qui a permis à 690000 jeunes sans-papiers de travailler et d’étudier en toute légalité, il avait donné jusqu’à mars au Congrès pour trouver une solution pérenne pour ces clandestins connus sous le nom de « Dreamers » (Rêveurs). Rien n’a bougé depuis.
Source de frustration supplémentaire pour Donald Trump à l’heure du bilan de la première année : en dépit du vote de sa grande réforme fiscale promise en campagne, de bons chiffres de croissance et de l’euphorie de Wall Street qui bat record sur record, sa cote popularité reste plombée, un an après sa prestation de serment, le 20 janvier 2017. Selon le dernier sondage NBC/ WSJ, elle est de 39 %, loin derrière celle de ses prédécesseurs à la même époque (Barack Obama 50 %, G. W. Bush 82 %, Bill Clinton 60 %).
VOTE DEMAIN
Le chef de la majorité républicaine au Sénat américain, Mitch Mcconnell, a annoncé hier qu’il convoquait un vote pour demain afin de tenter d’adopter un budget pour le gouvernement fédéral et de sortir du shutdown, a-t-on appris en soirée.
«Je vous assure que nous aurons le vote à 13h (demain), sauf s’il y a un désir qu’il ait lieu plus tôt », a déclaré M. Mcconnell.