Le Journal de Quebec

L’ALENA doit survivre

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Le président Donald Trump peut bien jouer au « parrain » avec ses menaces d’abolir L’ALENA, il n’en demeure pas moins que le Canada est son meilleur allié commercial. Ce qui le forcera à maintenir des liens commerciau­x solides avec nous, peu importe l’issue des difficiles renégociat­ions de L’ALENA avec le Canada et le Mexique.

Il est vrai que les États-unis sont aux prises avec un gros déficit commercial. Mais pas avec le Canada, où il bénéficie, au contraire, d’un surplus commercial. Selon le Bureau of Economic Analysis du US Department of Commerce, les États-unis affichaien­t un surplus de 7,7 milliards $ US en 2016.

C’est avec la Chine que les ÉtatsUnis détiennent la plus grosse balance commercial­e négative, soit 309 milliards $ US. Suivent ensuite le Mexique, avec lequel il accuse un déficit commercial de 63 milliards $ US, et, non loin derrière, le Japon avec un déficit de 57 milliards $ US.

LE DÉFI DE TRUDEAU

C’est de toute évidence le déficit de 63 milliards $ US avec le Mexique qui énerve au plus haut point le président Trump. Et comme on sait, c’est depuis son élection à la présidence des États-unis qu’il matraque les Mexicains, du moins verbalemen­t.

Dans le cadre de la renégociat­ion de L’ALENA, le défi de Justin Trudeau, c’est de réussir à faire comprendre au protection­niste président Trump que le Canada est son meilleur allié commercial. C’est lui et son pays qui seraient perdants, advenant que les États-unis coupent les ponts avec le Canada. Mais faire comprendre cela à M. Trump, convenons que ce ne sera pas facile.

LE QUÉBEC

Et nous, au Québec, nous avons grandement intérêt à ce que le gou- vernement Trudeau réussisse à se sortir de la renégociat­ion de L’ALENA avec le moins de recul possible. La raison en est bien simple. Pour ce qui est des échanges commerciau­x avec les États-unis, en 2016, le Québec détenait une balance commercial­e positive de 26 milliards.

Nos exportatio­ns vers les ÉtatsUnis représente­nt 71 % de nos exportatio­ns internatio­nales totales. L’année 2017, à la lumière des trois premiers trimestres, s’annonce tout aussi avantageus­e pour le Québec, et ce, malgré les menaces de Donald Trump, et les différends commerciau­x portant sur le bois d’oeuvre, les produits agricoles, etc.

LES CONCESSION­S

Comme dans toute négociatio­n, les parties impliquées seront forcées de faire des concession­s.

Mais chose certaine, ce sont les États-unis qui vont s’en tirer avec les grands honneurs. Le pays de Donald Trump fera des concession­s sur ces… folles demandes, mais pas sur ses acquis actuels.

On peut d’ores et déjà déclarer que les États-unis boucleront la renégociat­ion de L’ALENA en grands vainqueurs. C’est le Mexique qui accusera le plus important recul. Le Canada, lui, perdra certes du terrain dans certains secteurs, mais il réussira tout de même à conserver un haut niveau d’échanges commerciau­x avec les États-unis.

En guise de conclusion, je cède la parole à l’analyste géopolitiq­ue Angelo Katsoras, de Banque Nationale, Marchés financiers : « Malgré le pessimisme entourant les négociatio­ns de L’ALENA, nous maintenons toujours qu’aucun des pays ne se retirera de l’accord parce que les coûts économique­s et politiques seraient tout simplement trop élevés. »

Justin Trudeau devrait transférer ce message à ses deux interlocut­eurs, le président américain Donal Trump et le président mexicain Enrique Peña Nieto.

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