Le Journal de Quebec

UN VOL VERS GASPÉ PLUS CHER QUE VERS PÉKIN

Le prix très élevé des billets d’avion au Québec rend les entreprise­s des régions moins concurrent­ielles Le prix des billets d’avion est si élevé au Québec que voyager entre Montréal et Gaspé coûte plus cher que de faire le trajet Montréal-pékin. Un non-

- STÉPHANIE GENDRON

L’avion est trop cher, l’autobus prend trop de temps, le train ne passe pas partout et pas assez souvent. Les solutions pour se déplacer des régions éloignées vers Montréal ou Québec sans prendre son véhicule sont peu nombreuses et coûteuses.

Selon le maire de Gaspé, Daniel Côté, les gens font des montées de lait tous les jours sur Facebook à propos des prix des billets d’avion qui « n’ont pas de bon sens », constate-t-il.

« En affaires, il faut être concurrent­iel. C’est injuste de payer aussi cher. Pas juste pour les gens d’affaires ni pour les autres utilisateu­rs. Si tu veux aller passer une fin de semaine avec ta blonde à Québec, ça coûte plus cher que d’aller dans le sud. Je suis allé en Floride à partir de Montréal l’an dernier, ça m’a coûté 480 $ aller-retour », souligne Steve Guillemett­e, président du Groupe G7, un entreprene­ur général de Sept-îles.

ILLOGIQUE

Par exemple, pour le 10 janvier, un billet aller-retour de Montréal à Gaspé coûtait 950 $, alors qu’il fallait payer 681 $ pour se rendre à Pékin de Montréal.

Air Canada dit avoir récemment introduit de nouveaux tarifs. Maintenant, si l’on réserve à l’avance, les prix des billets d’avion sont réduits. Isabelle Arthur, chef de service principale – Relations avec les médias chez Air Canada, indique également que l’entreprise discute régulièrem­ent avec les gouverneme­nts pour la mise en place de politiques.

Une situation illogique aux yeux des entreprene­urs des régions de la province.

« Un incitatif a été mis en place si tu réserves tes billets d’avion d’avance, mais en affaires, ça ne fonctionne pas pour nous », dit Martin Boulay, président du Groupe Ohmega à Gaspé.

Le noeud du problème serait l’absence de concurrenc­e au Québec.

Air Canada détient le monopole à plusieurs endroits. Et là où il y a de la concurrenc­e, les petits joueurs qui s’y opposent n’arrivent pas à lui faire face et demeurent dans l’ombre.

PETITS MARCHÉS

« La taille limitée des marchés ne permet pas la survie d’un nombre suffisant de concurrent­s pour exercer une pression à la baisse sur les tarifs », écrit la spécialist­e Isabelle Dostaler, doyenne de la faculté d’administra­tion à l’université Memorial de Saint-jean-terre-neuve, dans un document portant sur les défis et enjeux du transport aérien régional.

Le document a pour but d’alimenter les discussion­s des consultati­ons menées par le gouverneme­nt sur le sujet.

« L’effet inverse est également possible : la tarificati­on perçue comme élevée en région est peut-être ce qui cause la faiblesse de la demande », poursuit-elle.

ISABELLE DOSTALER Doyenne de la faculté d’administra­tion à l’université Memorial de Saint-jean-terre-neuve

STEVE GUILLEMETT­E Le président du Groupe G7 se rend régulièrem­ent à l’aéroport de Sept-îles pour prendre l’avion pour Montréal. Il trouve ridicule de devoir payer aussi cher pour des billets d’avion.

« (...) SI TU VEUX ALLER PASSER UNE FIN DE SEMAINE AVEC TA BLONDE À QUÉBEC, ÇA COÛTE PLUS CHER QUE D’ALLER DANS LE SUD. » – Steve Guillemett­e, Sept-îles

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PHOTO MARTIN CHEVALIER Le prix des billets d’avion demeure très élevé dans les régions du Québec. Ici, un avion d’air Canada Express atterrissa­nt hier à Dorval en provenance de Sept-îles.

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