Le CH a-t-il vraiment un avenir avec Carey Price ?
MARCDEFOY
Le moulin à rumeurs s’emballe maintenant que le Canadien est virtuellement éliminé de la course aux séries. Ainsi, à 34 jours de la date limite des transactions, le bruit court que Marc Bergevin serait prêt à procéder à une vente de feu. Carey Price et Victor Mete seraient les seuls intouchables. Vraiment ?
Réfléchissons un peu. Cela signifierait, entre autres choses, que Shea Weber lèverait les pattes moins de deux ans après avoir été acquis contre P.K. Subban. Ça voudrait dire que Bergevin ne croirait plus que son équipe puisse remporter la coupe Stanley avec Max Pacioretty, Price et Weber comme principaux chefs de file.
Qu’en penserait Geoff Molson, qui a donné son aval au départ de Subban et ouvert son portefeuille pour offrir un mirobolant contrat à Price ?
Avant de parler de reconstruction – et je n’ai pas la certitude que Molson et Bergevin en sont là dans leur réflexion –, il faudrait se demander si Bergevin demeurerait l’homme indiqué pour entamer ce qui se voudrait un travail de longue haleine. Aussi, tenons-nous-en au concret. Molson peut-il faire encore confiance à Bergevin dans le contexte actuel ?
La réponse lui appartient.
L’ASPECT CONTRACTUEL
Publiquement, le président et chef de la direction du Canadien témoigne une foi inébranlable à l’endroit de son directeur général. Il l’a démontré maintes fois.
Lorsque Bergevin avait assumé le blâme pour les déboires de l’équipe en l’absence de Price, il y a deux ans il avait pris la peine de s’asseoir à ses côtés lors d’un point de presse tenu au complexe d’entraînement du Tricolore, à Brossard.
Cet épisode était survenu deux mois seulement après que Molson eût accordé une prolongation de contrat de cinq ans à Bergevin. Ironie du sort, Price était tombé au combat le jour même de cette annonce.
Bergevin en est à la première année de cette entente, ce qui fait dire qu’il est à l’abri d’un congédiement compte tenu des nombreuses années restant à son contrat. Or, rien n’est coulé dans le ciment dans le monde du sport.
Le Canadien a beaucoup d’argent en banque. Il a fait des profits quand il a raté les séries en 2016 et il en réalisera encore cette année.
Mais la suite des choses pourrait être plus difficile.
TROIS GROSSES PERTES
Les amateurs en ont marre et les consommateurs aussi. Aux prix que sont les tickets, les abonnés de saison sont en droit de voir un bon produit. Ils aiment voir des joueurs qui vont les lever de leur siège.
Le Canadien avait en Alexander Radulov et Subban deux joueurs capables de soulever les foules. Il a laissé partir Radulov pour une question de contrat et Subban parce qu’il était dérangeant.
Cette équipe n’a plus rien de spectaculaire à offrir. Elle est incolore, inodore et sans saveur.
Certes, il y a des joueurs qui font leur gros possible. Brendan Gallagher, Phillip Danault, Nicolas Deslauriers et Charles Hudon font un travail honnête. Ils se démènent comme des diables dans l’eau bénite à chaque match.
Il en faudrait plus comme eux.
UNE ABERRATION !
Le Canadien n’a toujours pas de centre de premier trio. La situation dure depuis que l’on avait échangé Vincent Damphousse pour des raisons monétaires il y a près de 20 ans. C’est une aberration ! Quelques mois après avoir échangé Damphousse aux Sharks de San Jose, le Tricolore fit l’acquisition de Trevor Linden, à qui il consentit un contrat qui aurait fait l’affaire de Damphousse. À n’y rien comprendre ! Saku Koivu et Plekanec ont beaucoup donné au Tricolore. Mais dans un monde idéal, ils auraient été deuxième et troisième centres.
Les Blackhawks de Chicago et les Penguins de Pittsburgh ont remporté trois coupes Stanley avec Jonathan Toews et Sidney Crosby respectivement comme premier joueur de centre. Les Kings de Los Angeles en ont gagné deux avec Anze Kopitar.
Ce n’est pas sorcier.
C’ÉTAIT BIEN PARTI POURTANT
Bergevin a fait plus de bons que de mauvais coups à ses trois premières saisons avec le Canadien. L’équipe a conservé une moyenne victorieuse de ,644 et pris part à un total de six rondes dans les séries.
On sentait que l’organisation était sortie de la misère et que l’avenir augurait bien. Il y avait un buzz en ville.
Andreï Markov, Tomas Plekanec et Brian Gionta personnifiaient l’expérience. Daniel Brière et Thomas Vanek étaient là lorsque l’équipe s’est rendue en finale de l’est en 2014.
Price, Pacioretty et Subban constituaient le coeur du noyau. David Desharnais et Alexei Emelin se posaient en bons joueurs de soutien. Alex Galchenyuk, Nathan Beaulieu et Gallagher représentaient le futur.
Plus de la moitié de ces joueurs ne sont plus avec l’équipe. Si Gionta était appelé à partir, Markov aurait dû rester. Il savait comment s’y prendre pour relancer l’attaque. Il avait été, de plus, d’une grande loyauté au Canadien.
On aurait dû lui donner la chance d’atteindre le cap des 1 000 matchs. Il aurait dû terminer sa carrière à Montréal.
Aujourd’hui, le Canadien est revenu à la case départ. Voyons ce que les prochaines semaines nous réservent.