Le Journal de Quebec

Comment on a abandonné les surdoués

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Le dossier sur les enfants doués que nous avons publié ce weekend était passionnan­t.

Selon le journalist­e Benoît Philie, beaucoup de gens surdoués refusent de parler de leur situation, de peur de passer pour des vantards qui « pètent plus haut que le trou ».

« Monsieur est surdoué ? Non, mais pour qui il se prend ? Il pense qu’il est meilleur que tout le monde ? »

TOUT LE MONDE ÉGAL !

Comme m’a dit le spécialist­e en adaptation scolaire Égide Royer à CHOI Radiox hier, quand tu es doué physiqueme­nt, tout le monde veut t’aider.

« Wow, c’est un super patineur, un athlète, vite, il faut lui permettre d’aller au bout de ses capacités ! On l’inscrit tout de suite dans une équipe d’élite ! »

Mais si tu es doué intellectu­ellement, on est moins rapide sur le piton pour te venir en aide.

Comme si on ne voulait pas que tu aies la grosse tête…

Dire qu’un individu est plus fort qu’un autre ou plus agile physiqueme­nt, c’est correct. Mais plus intelligen­t ? Plus vite intellectu­ellement ?

Woah, une minute, là ! La hiérarchie dans le sport, parfait. Mais pas dans le domaine de l’intelligen­ce !

En ce qui concerne le quotient intellectu­el, les facultés cognitives ou les capacités mentales, tout le monde est égal. Il n’y a pas d’élite, de podium ou de classement. Nous sommes tous au même niveau. C’est faux, bien sûr. Mais c’est comme ça : dire que certaines personnes sont plus intelligen­tes que d’autres est mal vu.

C’est perçu comme de l’eugénisme, une pratique fasciste visant à améliorer le patrimoine génétique de l’espèce humaine…

Les enfants surdoués ont été sacrifiés par les syndicats...

LA GUERRE DES CLASSES

Selon monsieur Royer, ça fait des années qu’on sait qu’on ne pousse pas suffisamme­nt les enfants surdoués, et ça fait des années qu’on sait quoi faire pour remédier à la situation, mais on n’a pas levé le petit doigt. Pourquoi ? Parce que les syndicats de profs ont longtemps considéré qu’aider les sur- doués, c’était comme aider les riches.

Il fallait aider les derniers de classe, pas les premiers. Les premiers étaient perçus comme des privilégié­s.

En d’autres termes, les surdoués ont été sacrifiés sur l’autel de l’idéologie.

Au lieu de voir la douance comme une condition neurophysi­ologique comme le TDAH, par exemple, les profs préféraien­t appliquer la bonne vieille grille de la lutte des classes. Cancres = pauvres. Doués = riches. Si tu étais doué, si tu étais vite intellectu­ellement, c’est parce que tes parents étaient fortunés et que tu avais eu la chance de grandir dans un foyer où il y avait des livres...

Là encore, c’est complèteme­nt faux, mais c’est comme ça que nos syndicaleu­x percevaien­t la chose.

VERS LE BAS

Voici un extrait d’un communiqué de la CSQ à l’époque où la centrale syndicale était dirigée par Réjean Parent, maintenant chroniqueu­r dans nos pages…

« Nous rejetons unanimemen­t et fermement le concept de douance. Les dirigeants syndicaux dénoncent d’une seule voix la propositio­n du Conseil supérieur de l’éducation d’offrir des services adaptés aux élèves reconnus comme étant doués. Nous rejetons fermement un tel concept de douance qui frise l’eugénisme. » C’est fort, hein ? À go, on tire tout le monde vers le bas…

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