Le Journal de Quebec

Il dit ignorer le recours à l’argent offshore

Le chroniqueu­r de La Presse Alain Dubuc est pourtant administra­teur en règle d’une firme de cannabis

- HUGO JONCAS

Le chroniqueu­r de La Presse Alain Dubuc ignorait que des investisse­urs étaient passés par des paradis fiscaux pour miser 3,2 M$ sur l’entreprise de pot dont il est administra­teur, comme le rapportait notre Bureau d’enquête hier.

Sur les ondes de Radio-canada, hier matin, le collaborat­eur du quotidien de la rue Saint-jacques avait d’abord mis en doute nos révélation­s.

L’informatio­n apparaissa­it pourtant clairement dans un document du Système électroniq­ue de données, d’analyse et de recherche (SEDAR), qui regroupe les dossiers publics des entreprise­s.

Le Journal lui a fait parvenir le document, un formulaire de décembre 2016 précisant la provenance d’une série d’investisse­urs de son entreprise, Delshen Therapeuti­cs Corp. (la société mère du producteur 48 North).

INVESTISSE­UR ÉTRANGER

M. Dubuc s’est ensuite expliqué dans un courriel qu’il nous a fait parvenir.

« J’ignorais que des investisse­urs avaient investi dans la compagnie à travers la Suisse ou les Îles Vierges britanniqu­es. Je connaissai­s l’identité de l’investisse­ur sans connaître le mécanisme financier par lequel il avait investi dans la compagnie. Son identité est confidenti­elle », a-t-il écrit. Il précise qu’il s’agit d’un résident étranger et non d’un Canadien.

L’auteur du livre Éloge de la richesse s’est plusieurs fois prononcé contre le recours aux juridictio­ns offshore, et il réitère cette position dans son courriel.

« J’estime que l’utilisatio­n des paradis fiscaux pour se soustraire à ses obligation­s fiscales est un fléau qui doit être combattu, par une vigilance de nos gouverneme­nts à l’égard de ceux qui fraudent le fisc et par une action internatio­nale [...] », écrit Alain Dubuc.

CONFLIT D’INTÉRÊTS ?

Directeur principal de la section Débats à La Presse, François Cardinal considère que son pigiste a respecté les règles sur les conflits d’intérêts.

« Il m’a dévoilé sa présence au conseil d’administra­tion d’une compagnie de cannabis. Dès lors, il lui était formelleme­nt interdit d’écrire sur le sujet, règle qu’il a respectée dans les pages Débats. »

M. Dubuc n’a cependant pas observé cette règle lors d’une apparition à l’émission 24 heures en 60 minutes, à RDI, le 21 décembre dernier. Interrogé sur l’« enjeu de l’année » à Ottawa, Alain Dubuc a choisi de parler de la légalisati­on de la marijuana.

« Le dossier qui a sucé le plus d’énergie politique et médiatique, c’est la légalisati­on du cannabis. Et je trouve qu’on consacre trop d’énergie à ce débat, qu’on a tendance à exagérer ses conséquenc­es et à s’inquiéter pour rien. »

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