Un vaccin québécois pourrait mater la grippe
Une plante cousine du tabac sert de base à l’antidote
Environ 10 000 personnes de partout dans le monde testent un vaccin québécois contre la grippe qui pourrait être plus efficace que celui offert actuellement.
Si tout va bien, les premières doses de cet antidote pourraient arriver sur les tablettes des pharmacies en 2020. Chacune reproduira plus fidèlement le virus en circulation que le vaccin actuel, ce qui les rendrait plus efficaces.
« On est vraiment confiant du potentiel de notre produit », sourit Nathalie Charland, directrice des affaires scientifiques et médicales de Medicago.
Devant elle, bien au chaud dans une serre, se trouvent des milliers de plants de Nicotiana benthamiana, une cousine de Nicotiana tabacum qui sert à la production de cigarettes.
« On les appelle nos mini-usines », dit Mme Charland.
L’utilisation de plantes pour produire des vaccins est une idée nouvelle. Actuellement, les vaccins antigrippaux sont conçus à base d’oeufs de poulets dans lesquels on introduit des virus vivants qu’on laisse se multiplier pendant quelques jours.
L’OEUF OU LA PLANTE
Le liquide de l’oeuf est ensuite extrait, les virus sont inactivés, découpés en morceaux et purifiés pour servir de base au vaccin.
Les scientifiques de Medicago, eux, n’utilisent pas de virus vivants, mais leur code génétique. Ils introduisent ce code dans les plantes pour qu’elles le multiplient au même rythme qu’elles produisent des protéines pour croître.
Les feuilles sont ensuite broyées pour en extraire un liquide qui sert de base au vaccin.
« La plante multiplie exactement la séquence du virus qu’on lui introduit, donc notre vaccin contient un virus qui ressemble beaucoup plus à celui qui est en circulation que celui à base d’oeuf », explique Nathalie Charland.
PRODUCTION ACCÉLÉRÉE
Pour le Dr Gaston De Serres, du Département de médecine sociale et préventive de l’université Laval, le principal avantage de Medicago est sa capacité de raccourcir le délai de production des vaccins.
« On parle de quatre à six semaines pour nos vaccins versus quatre à six mois pour les autres », indique Mme Charland. De plus, chaque plante peut donner de 10 à 20 doses de vaccins, alors qu’un oeuf ne donne qu’une à trois doses.
M. De Serres explique que tout le système de vaccination antigrippale est basé sur un délai de production de six mois.
Ceci oblige L’OMS à sélectionner le virus qui sera utilisé pour créer des vaccins avec énormément d’anticipation.
Résultat, quand la saison de la grippe commence, la souche qui circule n’est pas nécessairement celle contre laquelle le vaccin protège.