Le Journal de Quebec

CAQ : diversité et instabilit­é ?

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

L’année 2018 de la Coalition avenir Québec commence bien.

L’annonce, en début de caucus à Sainte-adèle, que Lionel Carmant se portera très probableme­nt candidat tombait à point nommé.

L’homme est posé. Vous ajoutez un « h » après le C de son patronyme et vous obtenez l’impression qu’il dégage.

En plus, son parcours est impression­nant. Voilà des critères pour obtenir illico l’épithète de « ministrabl­e ». Cette « addition » donne à cette formation politique un air de gouverneme­nt en attente.

Le défi de Legault : maintenir la cohésion de ce groupe hétéroclit­e en campagne, et, possibleme­nt, au pouvoir.

MÉDICALOCR­ATIE ET DIVERSITÉ

En cette époque de médicalocr­atie, la CAQ pourra dire : « Moi aussi, j’ai mon médecin ! » En point de presse, François Legault a patiné lorsqu’on lui a demandé si le ministère de la Santé devait absolument avoir à sa tête un « docteur ». Après tout, il est le dernier à avoir détenu ce maroquin, sous Landry, tout en étant un « non-docteur ».

Au reste, Carmant, d’origine haïtienne, permet à la CAQ de se montrer ouverte à la diversité. Le futur candidat a même promis de recruter dans les communauté­s culturelle­s, bassin peu naturel pour la formation de François Legault.

On verra s’il remportera ce pari, qui semble à première vue des plus ardus.

DIVERSITÉ IDÉOLOGIQU­E

Quant à l’autre diversité, celle des idées politiques, on peut dire que la CAQ a passableme­nt rempli la promesse multicolor­e qu’illustrait son ancien logo.

Le gros de la députation provient de l’ancienne Action démocratiq­ue du Québec, mais le chef et le député Benoît Charette sont originaire­s du PQ. D’importants conseiller­s – Martin Koskinen et Stéphane Gobeil – viennent aussi des officines péquistes. L’ancien ministre péquiste Jean-françois Simard (aussi ancien militant du PLC... une coalition à lui seul !) sera candidat en 2018.

Pour ce qui est des exilés du PLQ, la CAQ n’en a certes que très peu. En ravissant Louis-hébert aux libéraux cet automne avec Geneviève Guilbeault, elle a tout de même fait entrer dans son équipe une ancienne attachée de cabinets gouverneme­ntaux libéraux.

Les exilés fédéraux de la CAQ sont aussi de provenance­s diverses. La directrice générale de la CAQ, Brigitte Legault, a fait ses classes au Parti libéral du Canada.

Candidat défait pour le Parti conservate­ur fédéral en 2015, Éric Girard, actuelleme­nt trésorier de la Banque Nationale, pourrait aussi se présenter pour la CAQ, rapportait La Presse hier.

DÉFI DE COHÉSION

Cette diversité a souvent été raillée par les adversaire­s de la CAQ. Pauline Marois dénonçait le « ramassis de vire-capot ». Au PLQ, on fustige le regroupeme­nt d’« opportunis­tes » (même si on y a pigé allègremen­t !).

François Legault a toujours rétorqué à ces attaques en disant que de regrouper les principaux courants présents dans la société québécoise était sa force. En cette ère où la partisaner­ie est honnie, l’argument peut faire mouche.

L’énorme défi pour M. Legault sera de maintenir la cohésion de ce groupe très hétéroclit­e en campagne électorale, où les autres partis insisteron­t sur des thèmes « clivants ».

Si jamais la CAQ accédait au gouverneme­nt, le défi de la cohésion, face aux vicissitud­es du pouvoir, serait encore plus grand. La CAQ pourrait-elle former un gouverneme­nt stable ?

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François Legault et Dr Lionel Carmant

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