Le Journal de Quebec

Bouleverse­ments génération­nels

Quand la pluie s’arrêtera est une oeuvre inventive

- YVES LECLERC

Histoire qui se déploie entre 1958 et 2039, avec de nombreux sauts dans le temps, Quand la pluie s’arrêtera est un objet théâtral fascinant qui aborde la transmissi­on entre génération­s, les héritages familiaux parfois complexes et une planète qui est de plus en plus amochée.

À l’affiche au Trident jusqu’au 10 février, cette oeuvre du dramaturge australien Andrew Bovell raconte, par un procédé narratif inventif, l’histoire de quatre génération­s d’une même famille à travers le temps.

Quand la pluie s’arrêtera se déroule à Londres et à Alice Springs en Australie, avec, en toile de fond, les problémati­ques associées aux changement­s climatique­s. Une Australie où les averses, en 2039, sont omniprésen­tes.

Un homme, Gabriel York, superbemen­t interprété par Normand D’amour, lâche un grand cri et un poisson tombe du ciel australien.

Espèce sur le point d’être éteinte, l’homme n’a aucune explicatio­n sur ce phénomène inattendu.

La bonne nouvelle, c’est que Gabriel York aura quelque chose à mettre sur la table, lorsque son fils Andrew Price, qu’il n’a pas vu depuis 20 ans, viendra le visiter.

Quand la pluie s’arrêtera fait ensuite un énorme saut dans le passé pour remonter jusqu’en 1958, à la rencontre des grands-parents de Gabriel York et de ses parents.

Les différente­s génération­s débarquent et s’entrecrois­ent sur scène. Certains gestes et certaines phrases sont répétés, transmis et reviennent au fil des époques. Les histoires s’imbriquent et se répondent dans l’espace-temps, dans une atmosphère de fin du monde.

SCÉNOGRAPH­IE INVENTIVE

Un procédé qui est, par moments, quelque peu déstabilis­ant, mais qui est l’un des plaisirs associés à cette oeuvre, créée il y a dix ans au Scott Theatre, à Adélaïde, en Australie.

Les choses s’éclairciss­ent lentement et les différente­s pièces du casse-tête s’assemblent, permettant d’établir les différents liens et comprendre pourquoi Gabriel York a abandonné son fils à l’âge de sept ans.

« Je n’étais pas faite pour être mère », lance Élizabeth Law, interprété­e par Véronique Côté, qui, par ce geste, est à l’origine des génération­s qui vont suivre.

Des génération­s qui ont eu des parcours de vies pas du tout évidents, constitués de secrets de famille, de trahison, d’amour, d’abandon et de souffrance.

Traduite et mise en scène par Frédéric Blanchette, Quand la pluie s’arrêtera est bonifiée par une scénograph­ie inventive, avec ces génération­s qui se relaient sur les planches et la présence de la pluie.

Les retrouvail­les entre Gabriel York et son fils Andrew, à la fin de la pièce, donnent lieu à une très belle scène, chargée d’émotion, entre Normand D’amour et Maxime Robin. Une séquence qui permet de croire que le cycle de la souffrance, vécue par quatre génération­s, est peut-être, finalement, sur le point de se briser. Une très belle découverte.

 ?? PHOTO COURTOISIE STÉPHANE BOURGEOIS ?? Normand d’amour et Maxime Robin offrent une belle scène entre un père et un fils, qui se retrouvent, dans une atmosphère de fin du monde.
PHOTO COURTOISIE STÉPHANE BOURGEOIS Normand d’amour et Maxime Robin offrent une belle scène entre un père et un fils, qui se retrouvent, dans une atmosphère de fin du monde.

Newspapers in French

Newspapers from Canada