Le Journal de Quebec

EN 5 QUESTIONS Couillard en Chine

L’ACTUALITÉ INTERNATIO­NALE

- Loïc Tassé

Le sort s’acharne contre Philippe Couillard en Chine. En 2014, il avait perdu la face parce qu’il s’était fait rabrouer en public, devant des journalist­es, alors qu’il proposait aux autorités chinoises d’importer davantage de porcs québécois.

Cette fois-ci, alors qu’il effectue un voyage jusqu’ici très réussi et qu’il fait la promotion de nombreuses ententes, notamment entre des université­s chinoises et québécoise­s, on apprend qu’un professeur du départemen­t de génie de l’université Mcgill serait un espion chinois. Cette nouvelle devrait modérer l’élan de la coopératio­n universita­ire avec la Chine. Elle devrait inciter à réfléchir plus en profondeur aux relations entre la Chine et le Québec.

1 Quel est le déficit commercial entre le Québec et la Chine ? Le déficit commercial entre le Québec et la Chine perdure depuis des décennies. En 2016, il atteignait huit milliards de dollars. La Chine vend environ quatre fois plus de produits au Québec que le Québec en vend en Chine. Le même type de déficit commercial existe entre la Chine et presque tous les pays industrial­isés. Ce déficit devrait amener à se questionne­r sur les avantages que les négociateu­rs chinois parviennen­t à arracher aux autres pays. Il faut aussi s’interroger sur le protection­nisme caché qui est cultivé par le gouverneme­nt chinois. Ni le Québec ni les autres économies industrial­isées ne peuvent se permettre d’entretenir des échanges aussi déséquilib­rés avec la Chine sur d’aussi longues périodes.

2 Comment évolue le régime chinois ? Le gouverneme­nt de Xi Jinping s’enligne de plus en plus sur une sorte de néo-maoïsme qui est très éloigné de la Chine de Deng Xiaoping. Cette Chine néo-maoïste a des penchants totalitair­es qui sont dangereux pour la Chine elle-même. Ils sont aussi dan- gereux pour le reste du monde. La Chine est devenue, en parité de pouvoir d’achat, la plus grande économie de la planète. Par conséquent, elle servira de modèle à de nombreux pays. Les démocratie­s pourraient ne plus dominer l’économie mondiale.

3 Le Québec peut-il faire évoluer la Chine ? Le Québec ne peut évidemment pas à lui seul régler les problèmes d’accès au marché chinois ou de dérive maoïste du gouverneme­nt de Xi Jinping. Par conséquent, un principe de précaution s’applique de plus en plus aux relations entre le Québec et la Chine. Par exemple, les université­s québécoise­s peuvent se réjouir de la coopératio­n avec les université­s chinoises, parce que ces dernières sont souvent à la fine pointe de la recherche. Mais les université­s québécoise­s doivent saisir que les université­s chinoises sont de moins en moins libres.

4 Quelles sont les politiques du gouverneme­nt chinois en recherche universita­ire ? Le gouverneme­nt chinois protège plus jalousemen­t que jamais les percées chinoises en recherche et développem­ent. Ceci risque d’instaurer une coopératio­n universita­ire à sens unique. Deuxièmeme­nt, les chercheurs et les professeur­s sont désormais obligés de montrer la supposée supériorit­é des idées marxistes, et ceci, dans tous les domaines d’étude. Cette triste farce ramène les université­s chinoises 50 ans en arrière.

5 Faut- il condamner toute forme de coopératio­n avec les université­s chinoises ? Certaineme­nt pas. Il faut surtout espérer qu’une embellie politique en Chine permettra un jour aux université­s tant chinoises que québécoise­s de pleinement profiter des ententes de coopératio­n. En attendant, il vaut mieux ne pas trop s’enthousias­mer pour des ententes dont les motifs réels ne sont pas nécessaire­ment ceux de la coopératio­n à des fins de recherche et d’enseigneme­nt. Le récent cas d’espionnage probable avec Mcgill l’illustre bien.

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