Le Journal de Quebec

« LA MÉDAILLE OLYMPIQUE N’EST PLUS UNE OBSESSION »

Alex Harvey croit toutefois en ses chances à Pyeongchan­g

- Alain Bergeron l Abergeronj­dq

SEEFELD, Autriche | « Ça l’était il y a quatre ans, mais la médaille olympique n’est plus une obsession. »

Et vlan ! Pierre de Coubertin demanderai­t sans doute à Alex Harvey d’élaborer sur son aveu, mais il ne lui trouverait aucune volonté de déprécier l’événement planétaire qu’on appelle les Jeux olympiques de Pyeongchan­g.

« PAS LA FIN DU MONDE »

Oui, le champion du monde de ski de fond croit posséder les meilleures chances de sa carrière pour accéder au seul podium qu’il n’a jamais fréquenté. Par contre, avec la collection de prix qu’il a accumulés dans les grands rendez-vous depuis le désastre canadien aux Jeux de Sotchi, la médaille olympique tant espérée ne déclenche pas le même sentiment d’urgence, cette fois-ci.

« C’est le gros but qui me reste à aller chercher dans ma carrière, mais si ça n’arrive pas, ce ne sera pas la fin du monde. J’ai vraiment l’intention que ça arrive, mais si je me faisais amputer les deux jambes demain, ma carrière serait quand même satisfaisa­nte. C’est sûr que tu veux toujours faire mieux et ça fait quatre ans qu’on prépare les Jeux. C’est un objectif naturel, mais ce n’est pas “ça passe ou ça casse”. Ce n’est pas ce qui aura défini ma carrière. Pour d’autres gens peut-être, mais pas pour moi », nous avouait posément l’athlète de 29 ans, mercredi à Livigno en Italie, entre sa sieste de l’après-midi et sa deuxième sortie sur la neige de la journée.

CONFIANCE ÉLEVÉE

Quelques jours auprès de l’équipe canadienne permettent de mesurer le niveau élevé de confiance chez celui qui agira comme l’un des principaux acteurs du pays aux Jeux, tous sports confondus. Après sa troisième place inespérée à l’éprouvant Tour de ski il y a trois semaines, le baromètre ne tien- dra pas compte des deux épreuves de la Coupe du monde en Autriche, samedi et dimanche, pour offrir des relevés fiables sur son état de forme. La fatigue anticipée en fin de camp d’entraîneme­nt en altitude faussera les données.

C’est plutôt en raison de l’historique récent que la foi s’anime. Chaque mois de février des trois dernières années, le fameux « peak » de performanc­e a propulsé cette Formule I des neiges là où ça comptait. Trois podiums à deux championna­ts du monde, troisième au cumulatif de la Coupe du monde et victoire en sprint sur les plaines d’abraham l’an dernier, troisième au Tour de ski ce mois-ci ; le moteur sent la surchauffe quand les enjeux se présentent.

« Pour que mes Jeux soient identifiés comme un succès sur toute la ligne, c’est sûr que ça prend un podium. Mais le podium va arriver si je suis capable de faire une course à la hauteur de mon niveau », précise-t-il, en évoquant la sainte trinité essentiell­e des sensations, de l’équipement et de la stratégie.

« LES JEUX, TELLEMENT PLUS GROS »

Harvey se plaît à rappeler que pour les quatre discipline­s individuel­les qui l’attendent aux Jeux (skiathlon 30 km, sprint individuel classique, 15 km style libre et 50 km classique), il en a déjà gagné ou terminé deuxième lors de divers épisodes en carrière.

Pour assouvir le culte de la médaille si fort dans l’opinion publique, il reste maintenant à lui permettre d’exploiter son « jeu de cartes mieux garni qu’avant ».

« Pour l’amérique du Nord, les Jeux olympiques, c’est tellement plus gros que tout le reste parce que c’est la seule réelle occasion qu’on peut voir les athlètes amateurs à la télévision. Des centaines de milliers de personnes s’y intéressen­t soudaineme­nt. Je comprends que les attentes peuvent être grandes, mais quand tu parles aux Norvégiens, aux Suisses ou aux Français, une médaille aux championna­ts du monde est aussi importante pour eux qu’une médaille olympique », dit-il.

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