Le bordel informatique à Ottawa aussi
Le service informatique centralisé du gouvernement avait pourtant voulu limiter les incidents « critiques »
OTTAWA | Systèmes de communication des policiers défectueux pendant des heures, salle de serveurs paralysée toute une journée par un climatiseur surchauffant ; le nombre d’incidents « critiques » causés par les équipements du département informatique du gouvernement fédéral a bondi de 40 % en un an.
Le système de paye Phénix est loin d’être le seul bogue informatique à Ottawa. Sept ans après sa création, les problèmes de Services partagés Canada (SPC), le département centralisé qui gère les systèmes informatiques de 40 ministères et agences fédérales continuent à empirer.
SPC a dû répondre d’urgence à 359 incidents informatiques « critiques » en 2016-2017, nous apprend un rapport de performance publié en catimini le mois dernier.
Pourtant, l’organisme s’était fixé comme objectif de ne pas dépasser le nombre de problèmes critiques de l’année précédente, soit 257.
ORGANISMES SENSIBLES
Un incident est jugé « critique » lorsqu’il a un impact important sur le fonctionnement d’un organisme.
La Gendarmerie royale du Canada, l’agence des services frontaliers et Emploi et Développement social Canada sont les plus souvent touchés.
Les deux premiers occupent un rôle important dans la sécurité nationale.
« Il est à noter que ces organisations sont parmi les plus grandes et les plus dispersées partout au Canada pour bien servir les Canadiens. Les structures [informatiques] vieillissantes de deux des organisations ont d’ailleurs été soulevées dans un rapport du Vérificateur général en 2015 », explique une porte-parole de SPC, Frédérica Dupuis.
ÉQUIPEMENTS DÉSUETS
Elle a expliqué que le bond dans les problèmes informatiques critiques est surtout dû à l’âge avancé de l’infrastructure informatique du gouvernement ainsi qu’à un changement dans sa façon de classer les incidents informatiques, ce qui a augmenté l’identification de problèmes critiques.
« Ce sont des problèmes graves [...] L’obsolescence de notre équipement informatique a des conséquences majeures sur le Canada. À cause de cette obsolescence, on a de la difficulté à moderniser les services publics, qui ont une part énorme dans l’économie canadienne », s’inquiète Jean-françois Gauthier, PDG de l’institut de gouvernance numérique du Québec.
Par exemple : le 23 septembre 2016, un climatiseur situé dans un centre de données du gouvernement a brisé.
Ainsi, la température dans la salle de serveurs a monté en flèche, ce qui a eu pour effet de couper le courant aux serveurs pendant de nombreuses heures.
C’est pourquoi il a été impossible d’accéder aux systèmes informatiques basés sur ces serveurs jusqu’à ce que le climatiseur soit réparé.