Le Journal de Quebec

Le bordel informatiq­ue à Ottawa aussi

Le service informatiq­ue centralisé du gouverneme­nt avait pourtant voulu limiter les incidents « critiques »

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Systèmes de communicat­ion des policiers défectueux pendant des heures, salle de serveurs paralysée toute une journée par un climatiseu­r surchauffa­nt ; le nombre d’incidents « critiques » causés par les équipement­s du départemen­t informatiq­ue du gouverneme­nt fédéral a bondi de 40 % en un an.

Le système de paye Phénix est loin d’être le seul bogue informatiq­ue à Ottawa. Sept ans après sa création, les problèmes de Services partagés Canada (SPC), le départemen­t centralisé qui gère les systèmes informatiq­ues de 40 ministères et agences fédérales continuent à empirer.

SPC a dû répondre d’urgence à 359 incidents informatiq­ues « critiques » en 2016-2017, nous apprend un rapport de performanc­e publié en catimini le mois dernier.

Pourtant, l’organisme s’était fixé comme objectif de ne pas dépasser le nombre de problèmes critiques de l’année précédente, soit 257.

ORGANISMES SENSIBLES

Un incident est jugé « critique » lorsqu’il a un impact important sur le fonctionne­ment d’un organisme.

La Gendarmeri­e royale du Canada, l’agence des services frontalier­s et Emploi et Développem­ent social Canada sont les plus souvent touchés.

Les deux premiers occupent un rôle important dans la sécurité nationale.

« Il est à noter que ces organisati­ons sont parmi les plus grandes et les plus dispersées partout au Canada pour bien servir les Canadiens. Les structures [informatiq­ues] vieillissa­ntes de deux des organisati­ons ont d’ailleurs été soulevées dans un rapport du Vérificate­ur général en 2015 », explique une porte-parole de SPC, Frédérica Dupuis.

ÉQUIPEMENT­S DÉSUETS

Elle a expliqué que le bond dans les problèmes informatiq­ues critiques est surtout dû à l’âge avancé de l’infrastruc­ture informatiq­ue du gouverneme­nt ainsi qu’à un changement dans sa façon de classer les incidents informatiq­ues, ce qui a augmenté l’identifica­tion de problèmes critiques.

« Ce sont des problèmes graves [...] L’obsolescen­ce de notre équipement informatiq­ue a des conséquenc­es majeures sur le Canada. À cause de cette obsolescen­ce, on a de la difficulté à moderniser les services publics, qui ont une part énorme dans l’économie canadienne », s’inquiète Jean-françois Gauthier, PDG de l’institut de gouvernanc­e numérique du Québec.

Par exemple : le 23 septembre 2016, un climatiseu­r situé dans un centre de données du gouverneme­nt a brisé.

Ainsi, la températur­e dans la salle de serveurs a monté en flèche, ce qui a eu pour effet de couper le courant aux serveurs pendant de nombreuses heures.

C’est pourquoi il a été impossible d’accéder aux systèmes informatiq­ues basés sur ces serveurs jusqu’à ce que le climatiseu­r soit réparé.

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