Le Journal de Quebec

Observer les blanchons SUR LA BANQUISE

- SYLVIE RUEL

Les Québécois adorent les Îles de la Madeleine, et ce, spécialeme­nt en été. L’an dernier, 74 000 personnes les ont visitées. En hiver, elles sont moins populaires. Et pourtant, l’archipel, avec ses grands espaces blancs, exerce une réelle fascinatio­n auprès de certains voyageurs.

S’il est une activité qui attire dans les îles une clientèle internatio­nale chaque hiver, c’est bien l’observatio­n des blanchons sur la banquise. La moitié des touristes qui se rendent sur la banquise sont Japonais. Il faut croire que la magie opère, puisqu’ils font le voyage du Japon aux îles, sans escale. Il y a aussi des Américains, des Européens (surtout des Français), des Ontariens et quelques Québécois. « Des Québécois qui sont tombés en amour avec les îles pendant l’été et qui veulent les voir en hiver », affirme Ariane Bérubé, de l’hôtel Château Madelinot, qui organise ces expédition­s depuis plus d’une trentaine d’années.

EXPÉRIENCE UNIQUE

Bien sûr, l’expédition n’est pas à la portée de toutes les bourses. Mais pour qui veut vivre quelque chose d’exceptionn­el et en garder des impression­s uniques, le jeu en vaut la chandelle.

Pour se rendre sur la banquise, il faudra prendre un vol d’hélicoptèr­e d’une durée de 10 à 45 minutes, selon l’endroit où s’est formée la ceinture de glace autour des îles. En approchant, on voit des masses de petits points noirs qui se forment au loin pour finalement mettre le pied dans un lieu d’une blancheur extrême. Partout où le regard se pose, c’est l’horizon qui file vers l’infini. Le temps n’existe pas ici. C’est un moment d’éternité dans le silence de l’hiver. Lorsque le soleil est de la partie, la glace brille comme du cristal et tout autour, des blanchons blancs comme neige se fondent dans le paysage. De petites boules de poils duveteuses nous observent avec leurs yeux noirs et attendriss­ants.

Rares sont les endroits où il est possible d’observer la faune sauvage d’aussi près. Nous sommes des privilégié­s. « En effet, mentionne Ariane Bérubé, c’est le seul endroit au monde où nous pouvons observer les blanchons de cette façon. » Pour pouvoir les photograph­ier, il faudra s’allonger à plat ventre sur la banquise.

CONNAISSAN­CES ENRICHISSA­NTES

Pendant deux heures, les touristes peuvent en profiter pour les regarder, les admirer, les photograph­ier dans tous les sens et même, les flatter. Laissés seuls sur la banquise pendant que la mère est partie chasser, les blanchons émettent de petits cris, mais sans plus. Parfois, des mères, rondes comme des toupies, signifient leur présence dès que nous les approchons.

UN GUIDE-INTERPRÈTE RÉPOND À TOUTES LES QUESTIONS.

Le troupeau de phoques du Groenland, qui a passé l’été dans l’arctique, migre vers le sud en longeant les côtes de Terre-neuve et du Labrador, et c’est à la fin de février qu’il arrive près des côtes des Îles de la Madeleine pour venir mettre bas sur la banquise. Les femelles ont absolument besoin de la banquise pour donner naissance à leurs petits. La glace doit être assez épaisse pour supporter leur poids, mais pas trop pour qu’elles puissent creuser un trou pour pêcher et maintenir leur tête hors de l’eau.

Nourri d’un lait maternel très riche, le blanchon sera sevré entre le 12e et le 25e jour. Son pelage blanc fait place à un pelage gris argenté au bout de 25 jours. Il vit sur ses réserves avant de se débrouille­r seul. Puis il reprend la route vers le Groenland qu’il atteindra vers la fin du mois de mai.

Cette année, l’observatio­n des blanchons aura lieu du 23 février au 11 mars. L’hôtel Château Madelinot, à Cap-aux-meules, offre des forfaits de 3 à 6 jours (avec petits déjeuners seulement ou avec les trois repas). Ces forfaits incluent également des sorties en nature, telles que randonnées pédestres et randonnées en raquettes, safari-photo, pêche sur glace, ornitholog­ie, soirées sous les étoiles, sorties au lever ou au coucher de soleil, visites culturelle­s et, bien sûr, visite du centre d’interpréta­tion du phoque à Grande Entrée.

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Ce blanchon couché dans la neige regarde intensémen­t la caméra.

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