Le Journal de Quebec

Psycho / Le courrier

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Intimidati­on vs hypocrisie sociale

Depuis des lustres, nous déclarons que nous sommes contre l’intimidati­on, mais dans les faits, la tendance est à l’inverse, même de la part des adultes. C’est une bataille de tous les instants qu’on devrait lui livrer, et j’espère qu’avec le temps, on se rapprocher­a des mouvements sociaux qui actuelleme­nt dénoncent les agressions sexuelles.

Je fus directeur d’école au secteur régulier avec les élèves différents, ou encore en milieu défavorisé. Pendant toute ma carrière, j’étais renommé pour combattre l’intimidati­on. Le premier cas du genre s’est présenté à ma première année de direction. Dans l’attente de rencontrer ses parents, j’avais suspendu un élève pour intimidati­on majeure avec des plus jeunes. Les parents ont refusé de venir me rencontrer et ils ont porté plainte. L’enfant est finalement revenu à l’école. Il avait un grand besoin d’aide, mais les parents refusaient de l’entendre. À 15 ans, il a tiré sur sa jeune voisine qui quitta le monde sur-le-champ. Pour expliquer son geste, il a dit : « Je voulais savoir quel effet ça faisait de voir un être humain mourir! »

Dans une autre école, un groupe de 12-13 ans intimidait les petits de six ans en leur mettant de la neige dans leur pantalon. J’ai avisé les parents à plusieurs reprises, sans résultat. Lassé de parler dans le vide, j’ai organisé avec des profs une mission qui consistait à ce qu’un groupe de six ans mette de la neige dans les pantalons des plus vieux. La situation ne se représenta plus, mais les parents des plus vieux ont déposé une plainte aux commissair­es d’école contre moi.

À une autre occasion, dès mon entrée en poste, le maire était venu me voir pour m’expliquer qu’il était normal que des enfants soient intimidant­s si on ne voulait pas en faire des moumounes. Dans cette école où j’avais instauré « les sports gratuits à tous les jours » pour contrer l’intimidati­on, on est passé de cinq bagarres par jour à une bagarre aux trois à quatre semaines.

Je pourrais vous en raconter des tonnes comme ça. Le problème que je remarquais et que je remarque malheureus­ement encore, c’est que notre société tolère les harceleurs, tant et aussi longtemps que ça ne les touche pas personnell­ement. Comment peut-on encore aujourd’hui demeurer aussi inconscien­t de l’enfer qu’on fait vivre aux personnes qu’on harcèle? On aura beau continuer à en parler quand des tragédies arrivent, tant qu’on ne fera rien de tangible pour la stopper, l’intimidati­on continuera de faire ses ravages. Anonyme

Et si on ajoute aujourd’hui l’intimidati­on qui se fait sur internet et les conséquenc­es tragiques mises en lumière dernièreme­nt, on se retrouve avec un problème social qui croît de façon exponentie­lle au lieu de diminuer. La conscienti­sation des jeunes ne pourra se faire que dans la mesure où leurs parents cesseront de nier la réalité et s’attaqueron­t à l’éradiquer, y compris en acceptant que leur propre enfant puisse être lui-même un intimidate­ur. Bravo pour ce que vous avez fait jadis, en espérant que votre modèle fasse des petits un jour.

Àproposduc­annabis

En lisant la lettre de celui qui racontait à quel point il avait contribué à handicaper sa vie actuelle et surtout son état mental, en ayant fumé du pot pendant 30 ans, je me suis demandé si ça allait servir à prévenir les jeunes du danger de cette substance qui deviendra légale dès juillet 2018? Mère de deux ados

L’envie de transgress­er les interdits fait partie de cette étape de la vie qu’est l’adolescenc­e. De là l’importance de faire l’éducation de notre jeunesse, tant au niveau scolaire qu’au sein de la famille, pour la rendre consciente des dangers d’une consommati­on hâtive. Comme le cerveau n’est pas complèteme­nt développé avant l’âge de 25 ans, les risques présentés par une consommati­on régulière sont énormes. Espérons que nos gouverneme­nts mettent en place, tel que promis, les mesures préventive­s.

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