Le Journal de Quebec

Deux marchés bien différents

- — Propos recueillis par Kevin Dubé

La lettre envoyée aux partisans des Rangers de New York par le président Glen Sather et le directeur général Jeff Gorton pour leur annoncer que l’équipe entamait une reconstruc­tion a suscité de vives réactions chez les partisans du Canadien de Montréal qui croient que Marc Bergevin et Geoff Molson devraient faire de même. À ceux-ci, je dirai : oubliez ça, ça n’arrivera pas.

En fait, l’organisati­on du Canadien ne peut pas gérer comme celle des Rangers. Ce sont deux marchés complèteme­nt, mais complèteme­nt différents. À New York, quand la saison est terminée, les amateurs de sport de la Grosse Pomme oublient les Rangers et passent en mode Yankees, Mets, Giants ou Jets, c’est selon.

Quand la saison sera terminée, Glen Sather en profitera pour aller se reposer dans une destinatio­n soleil et il n’entendra plus parler de cette lettre avant le repêchage. À Montréal, ce serait complèteme­nt différent.

Chaque déclaratio­n faite par un membre du Canadien est scrutée à la loupe, analysée et décortiqué­e. La preuve : la déclaratio­n de Marc Bergevin en début de saison sur le fait qu’il croyait que sa brigade défensive était meilleure que l’an dernier le suit encore. J’en entends parler chaque jour.

Dans la lettre des Rangers, on dit qu’on s’engage à aller chercher des « jeunes joueurs compétitif­s qui combinent vitesse, habiletés individuel­les et caractère ». Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à New York, les partisans n’ont aucune idée des jeunes joueurs qui évoluent dans les circuits juniors. À Montréal, on les suit à longueur d’année.

RECONSTRUC­TION. VRAIMENT ?

D’ailleurs, permettez-moi de douter de la crédibilit­é de ce plan dévoilé par Sather et Gorton, jeudi. Les Rangers en reconstruc­tion ? Personnell­ement, je n’y crois pas.

Le marché de New York est différent de bien des autres dans la LNH. Là-bas, on veut des coups de circuit. Je m’attends encore cet été à voir les Rangers au plus fort de la course pour plusieurs des agents libres les plus convoités.

Si John Tavares décide de ne pas revenir avec les Islanders, je serai l’homme le moins surpris du monde de voir les Rangers très agressifs dans ce dossier.

Car c’est comme ça à New York.

EXEMPLE À SUIVRE

Si je ne crois pas qu’il serait dans l’intérêt du Canadien de Montréal d’y aller d’une annonce publique de la sorte à ses partisans, je pense tout de même que Marc Bergevin et Geoff Molson auraient tout de même intérêt à regarder ce qui se passe dans l’organisati­on des Rangers de New York.

Jeudi, l’équipe a soumis le défenseur Brendan Smith au ballottage. Il reste encore trois ans de contrat au défenseur à raison de 4,35 M$ par saison. Malgré cela, l’équipe n’a pas hésité à l’écarter des plans, car il ne livrait tout simplement pas la marchandis­e.

Ça vous rappelle quelques joueurs chez le CH, non ?

Je le dis depuis longtemps, mais pourquoi le Tricolore ne tente pas sa chance en envoyant les Joe Morrow, Karl Alzner, David Schlemko ou Jordie Benn au ballottage dans l’espoir qu’un ou deux soient réclamés ?

On épargnerai­t de l’argent et on libérerait l’équipe de quelques boulets.

Mais non. À Montréal, on continue d’avoir peur de prendre des grosses décisions. On veut juste être cute.

C’est aussi vrai au deuxième étage. En six ans de règne, Marc Bergevin n’a procédé qu’à un seul congédieme­nt, celui de Michel Therrien.

Claude Julien l’a dit jeudi après la défaite face aux Flyers : « On est proches, mais pas assez bons. »

Et ça, ce n’est pas seulement la faute des joueurs.

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PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN Marc Bergevin et Geoff Molson ne peuvent se permettre de faire comme les Rangers de New York et d’annoncer publiqueme­nt qu’ils entament un processus de reconstruc­tion.

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