Le Journal de Quebec

Le juge donne raison aux médias

Le témoignage de deux journalist­es est annulé au procès de Nathalie Normandeau et Marc-yvan Côté

- JEAN-LUC LAVALLÉE

Les journalist­es MarieMaude Denis et Louis Lacroix n’auront pas à témoigner ni à dévoiler des informatio­ns sur leurs sources dans le cadre du procès de Nathalie Normandeau et Marc-yvan Côté.

Dans une décision étoffée de 35 pages, le juge André Perreault a confirmé, hier, l’annulation de leur assignatio­n à témoigner. La défense, conclut-il, n’a pas su démontrer que l’intérêt de la justice l’emporte sur l’intérêt public à conserver la confidenti­alité de la source journalist­ique dans le cadre de la présente affaire impliquant l’ex-vice-première ministre, l’ex-dirigeant de Roche et leurs quatre coaccusés.

Les avocats de la défense voulaient interroger la journalist­e de l’émission Enquête à Radio-canada et le journalist­e de Cogeco – qui collabore aussi avec L’actualité – afin d’obtenir des renseignem­ents pouvant permettre d’identifier le ou les responsabl­es du coulage d’informatio­ns dans les médias au sujet de leurs clients, accusés de fraude, complot, abus de confiance et corruption.

La défense, qui réclame l’arrêt des procédures, veut connaître les sources et leur rang hiérarchiq­ue afin de plaider un « abus » de l’état ayant miné le droit des accusés à un procès juste et équitable.

« Il est à prévoir que le témoignage des deux journalist­es ait peu de chance de permettre aux requérants de remonter jusqu’aux sources », note le juge dans sa décision. Bien que leur identité puisse être un renseignem­ent « pertinent », le juge a souligné l’importance de plusieurs autres critères qui doivent être pris en considérat­ion, notamment la liberté de presse.

UNE PREMIÈRE AU PAYS

L’avocat des deux journalist­es, Me Christian Leblanc, s’est dit « très satisfait » de la décision qui fera jurisprude­nce au pays. « C’est quand même la première fois dans l’histoire judiciaire canadienne qu’on applique la loi fédérale sur la protection des sources » adoptée en octobre 2017, a-t-il observé.

« Il y a toujours eu de la pression sur les journalist­es pour révéler leurs sources ; la bonne nouvelle, c’est qu’on a maintenant les instrument­s pour protéger cela », a-t-il ajouté. Me Jacques Larochelle, l’avocat de Marc-yvan Côté, n’a pas exclu de porter la décision en appel.

 ??  ?? Ex-vice-première ministre NATHALIE NORMANDEAU
Ex-vice-première ministre NATHALIE NORMANDEAU

Newspapers in French

Newspapers from Canada