Le Journal de Quebec

Une occasion ratée de la Caisse de dépôt

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Financière­ment parlant, c’est tout le Québec qui se retrouve grandement perdant à la suite de la décision de la Caisse de dépôt et placement du Québec d’octroyer le contrat du matériel roulant du REM à la multinatio­nale française Alstom, au lieu de Bombardier Transport.

La perte de ce contrat de l’ordre de 1,2 milliard $ a des conséquenc­es majeures sur Bombardier Transport, ses fournisseu­rs québécois et ses employés de La Pocatière. À mes yeux, c’est une gaffe d’avoir écarté Bombardier Transport du REM.

Et en voici les raisons financière­s.

PREMIÈREME­NT

Il faut se rappeler que le gouverneme­nt Couillard et la Caisse ont injecté à l’automne 2015 quelque 3,3 milliards $ dans Bombardier en vue d’en assurer la survie et de protéger des milliers d’emplois.

Or, en octroyant le contrat du matériel roulant du REM à Alstom, Québec et la Caisse viennent de rater une occasion en or de consolider leurs investisse­ments massifs dans Bombardier.

C’est d’autant maladroit, que ce sont eux-mêmes, Québec et la Caisse, qui financent entièremen­t la réalisatio­n du REM, avec l’argent de nos impôts et de nos épargnes.

DEUXIÈMEME­NT

En laissant de côté Bombardier Transport, on prive le Québec des substantie­lles retombées (impôts et taxes) qu’auraient générées ici même la fabricatio­n et l’entretien de ce matériel roulant, avec des travailleu­rs et fournisseu­rs québécois.

De plus, les 600 travailleu­rs de Bombardier Transport à l’usine de matériel roulant de La Pocatière se retrouvent aujourd’hui dans une si- tuation précaire, faute de nouveaux contrats.

TROISIÈMEM­ENT

La Caisse se tire dans le pied en rejetant l’offre de Bombardier Transport. Ce contrat du matériel roulant du REM de 1,2 milliard $ aurait permis à Bombardier Transport de grossir son carnet de commandes. Et le REM aurait pu devenir une super vitrine internatio­nale pour aider Bombardier à décrocher de lucratifs contrats internatio­naux.

Au lieu d’aider Bombardier Transport, le REM lui nuira. Quand ton gouverneme­nt et ton actionnair­e majeur préfèrent accorder leur plus gros contrat à ton compétiteu­r, ta réputation internatio­nale s’en trouve discrédité­e.

BOYCOTTAGE

Bombardier Transport, qui a pourtant 4400 employés au Canada, en arrache ici. Les quatre derniers contrats de matériel roulant donnés au Canada ont été octroyés à ses rivaux, dont trois à Alstom (REM de Montréal, Ottawa, Metrolinx de Toronto) et un à la société chinoise CCRC (AMT de Montréal).

Pendant ce temps-là, la France a accordé 70 % de son récent contrat à sa multinatio­nale Alstom et 30 % à l’usine de Bombardier en France.

Au Japon, les contrats sont réservés aux sociétés japonaises. En Chine? Des partenaria­ts avec les sociétés chinoises sont requis. Selon ses détracteur­s, si Bombardier Transport n’a pas obtenu le contrat du REM, c’est parce que la société a eu des différends avec New York et Toronto.

Sachez que les concurrent­s de Bombardier Transport font eux aussi l’objet de contentieu­x à l’égard de contrats. Dans son Document de référence 2016/17, Alstom rapporte une série d’allégation­s de pratiques anticoncur­rentielles et d’allégation­s de paiements illicites dont elle fait l’objet.

À suivre...

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