Le Journal de Quebec

MME LORRAINE LARIVÉE-DÉRY,

L’UN DES PREMIERS BÉBÉS TRAITÉS À L’HÔPITAL

-

Lorraine Larivée-déry avait 15 mois quand la tuberculos­e a frappé. C’était en 1939, dans les premières années d’existence DÉBUT de l’hôpital pour tuberculeu­x de Québec, devenu L’IUCPQ. Elle a été l’un des premiers bébés à y séjourner. À partir de bribes de souvenirs et des faits rapportés, elle raconte. « Mon numéro de dossier n’a que quatre chiffres, alors que celui des patients admis aujourd’hui en compte six, dit-elle. J’y ai séjourné pendant deux ans au total, à deux reprises. J’ai été très triste de devoir y retourner. Être séparée de ma famille était une épreuve. » D’autant plus que, pendant de nombreuses années, Lorraine a dû composer avec une réalité difficile : être toujours mise à part. La peur de la maladie faisait en sorte que l’entourage se tenait loin. « On évitait de me toucher, je mangeais dans de la vaisselle différente, on lavait mes vêtements séparément. Je ne partageais pas les mêmes jouets afin que je ne contamine pas mon frère et mes soeurs. »

Elle ne garde pourtant que des souvenirs positifs de l’hôpital. Charmé par cette enfant aux yeux bleu profond et aux boucles blondes, le personnel était résolu à adoucir son épreuve. « Comme j’étais la plus jeune, les soeurs étaient gentilles avec moi. J’ai été gâtée, évoque-t-elle. Je me souviens de Soeur Saint-louis-de-gonzague, qui m’a prise sous son aile. »

Si elle est restée avec une santé fragile, Lorraine est reconnaiss­ante d’avoir eu la chance d’être soignée à l’hôpital pour tuberculeu­x de Québec. Les soins prodigués étaient les meilleurs et lui auront permis de vivre une vie bien remplie. Mère de quatre enfants, grand-mère douze fois et heureuse arrière-grand-mère cinq fois, la dame qui fêtera ses 80 ans en mai, s’est formée en relation d’aide, a connu un mariage heureux, qui dure, et est une artiste accomplie.

Elle n’est jamais vraiment retournée dans l’établissem­ent. Jusqu’à ce que son mari ait des problèmes cardiaques, il y a 14 ans, et que des équipes de L’IUCPQ le remettent sur pieds. À la suite de ces événements, une amie du couple, bénévole à L’IUCPQ, a proposé que M. Déry et Mme Larivée y donnent la communion, chose qu’ils faisaient déjà dans leur milieu, à L’ancienne-lorette.

Depuis sept ans, Lorraine consacre du temps à L’IUCPQ, distribuan­t café et sourires, et siégeant au conseil d’administra­tion du comité des bénévoles, notamment. Revenir à L’IUCPQ était un peu comme revenir à la maison. « J’aime être ici, je m’y sens bien. Je m’y sens chez moi, dit-elle. Même si j’ai vécu une grande maladie, j’ai été bien soignée. Prendre le temps avec les gens, échanger un regard, un sourire… Pour moi, c’est gratifiant. Et c’est un peu une façon de redonner ce que j’ai reçu. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada