Le Journal de Quebec

HAUT COMME TROIS POMMES

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

SAINT-SAUVEUR | « Moi mes souliers ont beaucoup voyagé », chantait Félix Leclerc dans les années 1950. Ces paroles s’appliquent à merveille aux bottes de Mikaël Kingsbury.

Avant de voyager à travers le monde, de soulever six globes de cristal, de remporter 48 victoires en Coupe du monde et de décrocher deux médailles olympiques, elles grimpaient à répétition la piste 70 en bordure du champ de bosses du mont Saint-sauveur.

Âgé d’à peine huit ans, le chaleureux petit bonhomme à la bouille joyeuse passait ses hivers et printemps à dévaler la piste et à sauter sous les yeux attentifs de ses premiers entraîneur­s, Olivier Laprade et Julien Allard. Dès lors, ceux-ci savaient qu’ils tenaient un véritable joyau. Ils l’ont entraîné durant environ quatre ans.

« C’était un naturel, un passionné et un travaillan­t. Si on ne le sortait pas de la pente, il pouvait y passer la nuit, se remémore Julien Allard. Il mangeait du ski. Je ne veux même pas savoir le nombre de fois qu’il a monté la piste à pied. On n’est même pas capable de le compter en kilomètres.

« Dans son regard, il y avait quelque chose, poursuit-il. Plus on lui en donnait, plus il en prenait. Il repoussait sans cesse ses limites et il était toujours dominant.

« Je le vois aujourd’hui avec sa médaille d’or, je me dis que nous n’avons pas manqué notre coup. Je suis tellement content pour lui, témoigne l’ancien entraîneur de ski acrobatiqu­e. Il a réalisé son rêve. Il a gagné ce qu’il méritait. »

INSPIRATIO­N

En consultant le palmarès des bosseuses et bosseurs qui ont dévalé les pistes des stations de la Vallée de Saint-sauveur, on ne peut s’empêcher d’y voir une pépinière de talents.

Les Jean-luc Brassard, Alex Bilodeau, les soeurs Dufour-lapointe et Kingsbury ont cheminé dans leur discipline en passant par l’un des sommets de la Vallée. La coupe Saint-sauveur, remise aux gagnants de la compétitio­n printanièr­e de bosses, affiche neuf médaillés olympiques, dont six d’or. Kingsbury l’a gagnée trois fois.

« Mikaël est une véritable inspiratio­n, affirme Louis Dufour, le fondateur de l’entreprise familiale, fier du skieur de 25 ans. Nous l’avons vu évoluer. Il a passé sa vie ici. Les jeunes athlètes peuvent rêver en le voyant. »

Il faut observer les bosses de la 70, un joyau haut comme trois pommes rêvant de suivre les traces des grands s’y trouve sûrement.

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