Le Journal de Quebec

Des Coréens harcèlent notre médaillée

Des menaces et des commentair­es haineux contre Kim Boutin, qui a remporté une médaille de bronze hier après la disqualifi­cation d’une patineuse sud-coréenne, sont pris au sérieux aux JO.

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GANGNEUNG | Kim Boutin se souviendra longtemps de sa première présence aux Jeux olympiques. Après la joie d’une médaille de bronze inattendue lors de la finale du 500 mètres, la patineuse de vitesse a reçu des menaces et une pluie d’insultes de partisans coréens sur les réseaux sociaux.

« Si je te trouve, tu vas mourir », a notamment écrit un internaute, tel que rapporté par Radio-canada.

Face à la situation, les principaux comptes de Boutin sur les réseaux sociaux ont été fermés, notamment Facebook et Instagram.

D’abord repêchée en demi-finale après une séquence menant à la chute de la Chinoise Qu Chunyu, Kim Boutin a fini quatrième sur cinq patineuses en finale, mais la Sud-coréenne Choi Min-jeong (qui avait franchi la ligne d’arrivée deuxième) a été disqualifi­ée pour avoir provoqué une chute.

RELIGION

Dans un pays où le patinage de vitesse fait figure de religion, des milliers de Coréens se sont insurgés, blâmant la patineuse québécoise.

Plusieurs estimaient que Boutin avait montré du doigt Choi après la course, alors que la Québécoise visait Frédéric Blackburn, son entraîneur.

« Tu as gagné une médaille sale. Honte à toi », a-t-on pu lire sur le web.

« Elle a d’abord poussé Choi deux fois et elle gagne une médaille, c’est honteux », réagissait un autre internaute.

De nombreux autres amateurs coréens ont toutefois pris soin de défendre Boutin.

« Cessez les mauvais commentair­es ! Je suis sincèremen­t désolé pour ces gens stupides, la plupart des Coréens sont respectueu­x. »

LE PÈRE PAS INQUIET

Patinage de vitesse Canada a contacté le père de l’athlète, Pierre Boutin, à son domicile de Sherbrooke, afin de lui confirmer que la situation était suivie de près par les autorités.

Rejoint par Le Journal de Montréal, ce dernier a confié que la Gendarmeri­e royale du Canada et le Comité internatio­nal olympique avaient la situation en main.

« Je suis assuré que Kim bénéficier­a d’une sécurité hors pair. Je ne suis pas inquiet », a-t-il dit.

« Le patinage de vitesse courte piste, c’est le sport national en Corée. Les gens ont beaucoup d’émotions. Ça tue parfois de beaux moments. De nos jours, les réseaux sociaux, c’est une grosse problémati­que dans des situations semblables », a déploré M. Boutin, qui sautera dans un avion demain matin pour aller rejoindre sa fille en Corée du Sud, où il passera une dizaine de jours.

« Pour ma part, je préfère parler de la performanc­e et de la médaille de ma fille plutôt que des menaces. Sa meilleure réplique, ce serait qu’elle offre de superbes performanc­es dans les prochaines épreuves. »

Les prochaines compétitio­ns de Boutin auront lieu samedi (1500 mètres) et mardi (1000 mètres et relais 3000 mètres).

Ce n’est pas la première fois qu’une controvers­e impliquant les Coréens marque les Jeux olympiques. La même chose était survenue à Vancouver, en 2010, quand l’équipe de relais féminin de la Corée du Sud avait été disqualifi­ée en finale. Les Chinoises avaient été couronnées tandis que les Canadienne­s Jessica Gregg, Kalyna Roberge, Marianne St-gelais et Tania Vicent en avaient bénéficié pour récolter la médaille d’argent. – Avec la collaborat­ion de François-david

Rouleau et de l’agence QMI

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PHOTOS DIDIER DEBUSSCHÈR­E ET AFP Kim Boutin a partagé le podium avec la Néerlandai­se Yara Van Kerkhof (argent) et l’italienne Arianna Fontana (or).
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