Le Journal de Quebec

La guerre contre l’excellence scolaire

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

La propositio­n vient de Québec solidaire : si jamais le parti de la gauche radicale gagne les élections (ne nous attardons pas exagérémen­t sur ce scénario loufoque), il coupera le financemen­t des écoles privées.

Inévitable­ment, les frais de scolarité pour les fréquenter deviendron­t prohibitif­s. Cela rendra l’école privée inaccessib­le aux classes moyennes. Elle deviendra un privilège de riches, et même, de très riches. Et la prétendue ségrégatio­n sociale que dénoncent les ennemis du privé deviendra alors réalité.

PRIVÉ

Il y aura, d’un côté, une population privilégié­e cultivant l’entre-soi et, de l’autre, tous ceux qui n’ont pas les moyens de rejoindre les établissem­ents pratiqueme­nt réservés à l’élite.

C’est une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. On le sait, le gouverneme­nt n’assume qu’une partie des coûts liés à l’école privée. Les parents s’occupent du reste.

Si on rapatrie les élèves du privé vers le public, le gouverneme­nt devra les prendre entièremen­t à sa charge. Il n’en a tout simplement pas les moyens. Cette propositio­n ne passe pas le test du réalisme financier le plus élémentair­e.

Mais l’essentiel n’est pas là. Ce qui doit nous intéresser, c’est ce que révèle l’acharnemen­t d’une certaine gauche contre l’école privée, et plus largement, contre la liberté scolaire.

Car cette charge contre le privé est indissocia­ble de l’attaque contre les classes d’excellence et autres programmes spéciaux réservés aux doués. Ce qui obsède la gauche pédagogiqu­e, c’est l’égalitaris­me.

Au fond d’elle-même, elle voudrait utiliser l’école comme une machine pour fabriquer de force de l’égalité sociale, même si ce n’est pas sa mission.

Le système public d’éducation n’a rien d’un chef-d’oeuvre.

Des écoles moisies à la violence subie par les enseignant­s, de la pesanteur administra­tive du ministère à la tyrannie des sciences de l’éducation, avec ses pseudo-pédagogues qui jargonnent du haut d’un faux savoir, de l’intégratio­n des élèves à problèmes aux classes ordinaires à la crise généralisé­e de la discipline, il y a de bonnes raisons de vouloir une porte de sortie du système. C’est ce que permet l’école privée. Du moins, c’est ce qu’elle permet théoriquem­ent, car souvent, loin de tenir ses promesses, elle cède aux mêmes lubies que le système public.

Attaquer l’école privée, c’est s’en prendre au canot de sauvetage de bien des parents qui ne veulent pas sacrifier leurs enfants à un système dysfonctio­nnel.

TRADITION

Il y a derrière l’attachemen­t à l’école privée un rêve inavoué : celui de retrouver l’école traditionn­elle.

Une école du vouvoiemen­t, qui restaure un rapport d’autorité naturel et nécessaire entre le maître et l’élève.

Une école en uniforme, même, qui ne se laisse pas contaminer par le marché et la névrose publicitai­res.

Une école de la rigueur qui incite moins l’étudiant à revendique­r ses droits qu’à accomplir son devoir.

Une école du savoir, qui enseigne le français, l’histoire, la géographie, et qui donne à celui qui la fréquente une solide culture générale, pas trop contaminée par les innombrabl­es niaiseries à la mode comme la théorie du genre.

Une école qui soit encore une école, finalement.

L’école privée est un symbole de liberté.

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