Le fonds secret pour régler un litige de harcèlement
Un ancien grand patron de la Sûreté du Québec aurait utilisé le fonds secret du corps policier afin de mettre fin à une plainte de harcèlement d’un haut gradé, a-t-il laissé entendre à son procès hier.
« [La SQ] avait mal agi avec Alfred Tremblay, on lui avait mis de la pression pour qu’il prenne sa retraite, il avait été assigné à des tâches qui n’existaient pas et il avait été humilié… j’étais mal à l’aise », a expliqué Richard Deschenes, hier, au palais de justice de Montréal.
L’ex-directeur général du corps policier provincial s’est ainsi défendu à son procès pour fraude, vol et abus de confiance, relativement à l’utilisation du fonds secret censé être utilisé, entre autres, pour des enquêtes sur le crime organisé.
Il est accusé en compagnie de Steven Chabot et d’alfred Tremblay. Selon la poursuite, Chabot se serait accordé une dépense secrète de 167 931 $ à quelques jours de sa retraite, en 2010, tandis que Tremblay aurait reçu 79 877 $.
POUVOIR
Or, Deschenes a affirmé que le fonds secret servait également à des dépenses administratives, ou pour des urgences. Lors de la présentation de la preuve de la Couronne, le successeur de M. Deschenes, Mario Laprise, avait d’ailleurs reconnu que ce fonds était utilisé de manière « libérale », avant qu’il n’entreprenne de changer les façons de faire.
« De ma compréhension, le directeur général a un pouvoir discrétionnaire, le [fonds secret] peut être utilisé, mais il faut que ce soit dans les intérêts de la SQ », a témoigné M. Deschenes, tout en affirmant n’avoir jamais eu de formation sur l’utilisation de ce fameux fonds.
En fait, a-t-il expliqué, c’est en côtoyant d’autres hauts gradés comme l’actuel patron de l’unité permanente anticorruption, Robert Lafrenière, qu’il a appris à l’utiliser, à l’époque où M. Deschenes n’était pas encore dirigeant de la SQ.
DÉDOMMAGEMENT
C’est donc dans ce cadre que M. Deschenes a dit être convaincu qu’il avait le pouvoir d’autoriser des ententes « au cas par cas ». Elles sont confidentielles, et il devait faire en sorte de limiter le nombre de personnes qui en avaient connaissance, a-t-il dit.
En tant que directeur général, il a ainsi décidé de dédommager Alfred Tremblay, l’équivalent des « six ou sept » mois pendant lesquels il avait été « mis au garde-robe ». L’entente a été négociée entre les parties, a-t-il ajouté.