Le Journal de Quebec

Toujours plus pour les médecins

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Que penser de la dernière entente entre le gouverneme­nt et les médecins spécialist­es ? Les détails n’ont pas été rendus publics. Mais selon les données disponible­s, c’est un demi-milliard de plus qui leur sera versé.

Un demi-milliard versé aux médecins spécialist­es. Une entente secrète. Ça ne passe plus.

Cela leur est dû. Lorsqu’un patient/contribuab­le attend son opération, lui aussi est convaincu que cela lui est dû…

Ce « petit ajustement » de fin d’année à 480 millions $, c’est beaucoup pour le gouverneme­nt ? Par comparaiso­n, le budget annuel total du ministère de l’immigratio­n s’élève à… 300 millions $.

Les hausses de rémunérati­ons des médecins ont commencé dans un contexte où nos médecins vivaient un retard considérab­le sur la moyenne canadienne. Un manque à gagner de près de 50 %. Aujourd’hui, le rattrapage a été complété et les nouvelles hausses font écarquille­r tous les yeux.

DES MILLIARDS

Les chiffres frappent toujours l’imaginatio­n dans le cas des médecins. On compte en milliards et en demi-milliard. Ces augmentati­ons pèsent lourd sur le budget de la santé. Même dans les années de gestion très serrée des autres postes budgétaire­s, la rémunérati­on des médecins grimpait en flèche.

Le secret entourant ces ententes commence aussi à soulever l’indignatio­n. Interrogé sur l’entente de vendredi dernier avec les médecins spécialist­es, le premier ministre s’est contenté d’une déclaratio­n : elle est au bénéfice des patients. Je trouve ça bizarre qu’on nous cache une entente qui serait tellement à notre avantage. Le gouverneme­nt est trop humble !

ET LES PÉNALITÉS ???

Au coeur de cette négociatio­n, les médecins souhaitaie­nt le retrait des pénalités qu’avait prévu imposer le ministre Gaétan Barrette. Ce dernier a d’ailleurs été tassé des négociatio­ns pour éviter l’affronteme­nt.

On nous avait expliqué que ces pénalités faisaient partie de la réforme. D’une certaine façon, il s’agissait de notre garantie d’avoir des soins, à nous les patients. Si les médecins n’en faisaient pas assez, ne prenaient pas assez de patients, ils seraient pénalisés financière­ment. Finalement, on laisse tomber et on verse l’argent.

C’était la stratégie de la carotte et du bâton pour forcer l’améliorati­on de l’offre de soins. Les carottes furent livrées à pleins sacs. Et le bâton… Ah ! C’était juste une blague. On l’a agité pour amuser la galerie.

Les enquêtes journalist­iques des derniers mois qui ont mis la loupe sur des primes pour arriver à l’heure ou pour mettre la bonne jaquette ont laissé le public sceptique. Les montants versés aux médecins détonnent outrageuse­ment avec l’atmosphère de ressources limitées qui semble dominer dans le réseau de la santé.

Le gouverneme­nt libéral vit un malaise grandissan­t lorsqu’il est forcé de défendre la rémunérati­on des médecins. Face aux infirmière­s et aux autres acteurs du grand secteur de la santé, la comparaiso­n avec ce qui est consenti aux docteurs devient insoutenab­le.

Le Parti québécois a déjà annoncé son intention de taper sur le clou de la rémunérati­on des médecins en campagne électorale. Au départ, j’étais dubitatif. S’attaquer aux bons docteurs en pleine élection pouvait constituer un pari risqué. Plus les choses évoluent, plus je trouve que le PQ va y voir une carte gagnante. L’exagératio­n exacerbe la grogne.

L’entente avec les omnipratic­iens s’en vient.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada