Le Journal de Quebec

Les vérificate­urs auraient donné des billets de spectacle

PWC fait face à des allégation­s de la part d’un ex-cadre de l’hôpital général juif

- ÉRIC YVAN LEMAY Bureau d’enquête

La firme chargée de valider les états financiers du projet d’agrandisse­ment de 400 millions $ de l’hôpital général juif aurait offert des billets de spectacle... au responsabl­e du projet qu’elle devait évaluer.

C’est du moins ce qu’a reconnu Philippe Castiel, qui était alors directeur de la planificat­ion et du développem­ent immobilier de l’hôpital, lors d’un interrogat­oire mené par des enquêteurs de la firme externe Navigant.

« Pricewater­housecoope­rs [PWC], après le mandat des dossiers d’affaires, m’avait invité à la nouvelle salle symphoniqu­e de Montréal », avait-il déclaré.

Ce cadeau allégué de la firme est pour le moins étonnant, car dans les mois précédents, PWC devait jouer le rôle de chien de garde des contribuab­les.

Elle avait été mandatée pour appuyer l’hôpital dans l’évaluation des coûts et de l’échéancier des travaux du pavillon K et faire le lien avec différents partenaire­s gouverneme­ntaux.

Le mandat de PWC, donné par Infrastruc­ture Québec, a débuté en jan- vier 2011 et devait durer jusqu’en octobre de la même année.

PWC a également obtenu un contrat de vérificati­on en 2013. Ce mandat consistait à vérifier l’ensemble des coûts reliés au projet de constructi­on du pavillon K.

DONS ET CONTRATS...

Hier, notre Bureau d’enquête révélait que plusieurs allégation­s de trucage dans l’octroi des contrats visent ce mégaprojet complété en 2016, qui porte le nom de pavillon K.

Des témoins ont parlé de favoritism­e, de comités de sélection truqués et de dons à la fondation en échange de contrats.

L’ex-coordinate­ur des relations de travail de l’hôpital a même confié à Revenu Québec qu’une enquête interne sur ces allégation­s avait été stoppée par crainte de découvrir d’autres irrégulari­tés.

Des documents que nous avons consultés montrent de nouveaux faits troublants.

PAS UNE PRATIQUE COURANTE

Questionné­e à ce sujet, la firme juricompta­ble Pricewater­housecoope­rs a dit ne pas avoir trouvé la trace de ces billets. « Je ne peux donc pas confirmer ou infirmer si des billets ont été donnés à M. Castiel », a dit la porte-parole Claudia Landry.

Elle indique toutefois qu’il ne s’agit pas « d’une pratique courante », de donner des billets. « Il y a des règles à l’interne que l’on connaît. On fait notre business case dans l’intégrité », poursuit-elle.

POLITIQUE DE CONFLIT D’INTÉRÊTS

Pour sa part, l’hôpital général juif soutient que les procédures étaient encadrées et avaient été suivies.

« Le travail et les finances de ce projet ont été suivis et vérifiés régulièrem­ent, tout au long du processus, tant à l’interne que par des vérificate­urs externes [Richter et PWC] », a indiqué la porte-parole Stéphanie Malley.

Depuis 1994, l’établissem­ent de santé dispose d’une politique qui interdit explicitem­ent les conflits d’intérêts. Cette politique indique qu’il y a possibilit­é de conflit d’intérêts lorsqu’un employé réclame ou accepte « directemen­t ou indirectem­ent de l’argent, des cadeaux, des gratificat­ions [...] ou une considérat­ion ayant une valeur monétaire » de la part d’une personne ou d’une firme qui fait affaire avec l’hôpital.

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PHOTO D’ARCHIVES Un ex-cadre de l’hôpital général juif a reconnu lors d’un interrogat­oire que la firme chargée de la vérificati­on du projet d’agrandisse­ment lui avait offert des billets à la Maison symphoniqu­e.

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