Forcés de suivre des cours en ligne
Des étudiants au baccalauréat sont obligés de s’inscrire en partie à de la formation offerte seulement à distance
À l’université Laval, le nombre de cours à distance augmente à un point tel qu’il est impossible de suivre certains cours en classe, sur le campus.
Ophélie Lavoie s’est inscrite au baccalauréat en communication il y a un an.
Originaire de Sainte-marie-de-beauce, elle a alors décidé de louer un appartement à Québec. Elle constate par la suite que plusieurs cours obligatoires en première année sont offerts uniquement à distance et se retrouve bien malgré elle avec deux cours en ligne à sa première session et quatre cours en ligne sur cinq à la session suivante.
« Avoir su, je n’aurais pas signé de bail », lance la jeune fille qui a fait des démarches auprès de son association étudiante pour avoir accès à davantage de cours en classe.
À l’association des étudiants en communication publique, on confirme que le grand nombre de cours en ligne obligatoires en première année fait des mécontents. « On a beaucoup d’étudiants qui viennent nous en parler », affirme son vice-président externe, Jérémy Michel Roy, qui indique que la situation « s’est corrigée un peu » cette année.
Les étudiants en communication ne sont pas les seuls à devoir suivre plusieurs cours à distance. Maxence Croteau, un étudiant en sciences des religions, a malgré lui trois cours en ligne sur cinq présentement.
« On perd la richesse du contact avec nos professeurs, qui sont souvent de grands experts. J’ai l’impression de me faire hypothéquer mon éducation quand j’ai trop de cours en ligne », affirme-t-il.
Dans les rangs des étudiants, les avis sont toutefois bien partagés. Certains détestent les cours en ligne, mais d’autres adorent la formule et en redemandent (voir autre texte).
TROIS FOIS PLUS
Depuis déjà plusieurs années, l’université Laval est l’établissement universitaire qui offre le plus de cours en ligne au Québec, devançant même de loin la Téluq qui n’offre que de la formation à distance.
Depuis dix ans à l’université Laval, le nombre d’inscriptions à ces cours a triplé et près de 60 % des étudiants suivent au moins un cours à distance. À l’hiver 2018, près de 10 % des cours offerts sont en ligne.
Les étudiants qui doivent suivre plusieurs cours en ligne contre leur gré dès la première année de leurs études représentent « l’exception plutôt que la norme », affirme Claude Savard, vice-recteur adjoint aux études et aux affaires étudiantes.
La direction souhaite éviter ce genre de situation et un « dialogue continu » est en cours avec les facultés, qui ont une grande indépendance à ce chapitre, ajoute M. Savard. « Malheureusement, on n’y arrive pas dans tous les parcours », admet-il.
AUGMENTER L’ACCESSIBILITÉ
Le développement des cours à distance a été entrepris il y a déjà plusieurs années afin d’augmenter l’accessibilité à la formation universitaire, poursuit le vice-recteur adjoint, qui affirme que les cours en ligne ne coûtent pas moins cher à l’administration universitaire. Les professeurs et chargés de cours sont rémunérés selon les mêmes conditions qu’un cours en classe, sans compter les coûts supplémentaires reliés aux infrastructures technologiques requises, explique-t-il.
Cette nouvelle formule permet toutefois de recruter de nouveaux étudiants en faisant éclater les limites géographiques rat-
tachées à la formation en classe, indique le Conseil supérieur de l’éducation dans un avis publié en 2015. L’université Laval ne peut toutefois préciser combien d’étudiants supplémentaires ont été recrutés grâce à la formation à distance.