Une cadre en conflit d’intérêts sera en mission avec son conjoint lobbyiste
Le gouvernement Couillard a approuvé la participation d’une haute gradée de Transition énergétique Québec à une mission de développement de la filière hydrogène au Japon, en compagnie de son conjoint lobbyiste pour Toyota.
« On peut participer à une mission sans participer aux discussions qui touchent la filière de l’hydrogène. Elle était là en support technique », s’est justifié le ministre des Ressources naturelles Pierre Moreau, hier, durant la période de questions.
DANS L’EMBARRAS
M. Moreau s’est retrouvé dans l’embarras après que le député péquiste Sylvain Gaudreault eut révélé que Michelle St-jean, directrice corporative à Transition énergétique Québec (TEQ), avait participé à une mission au Japon en septembre 2017.
Trois mois plus tôt, elle déclarait pourtant un conflit d’intérêts en raison de sa relation avec le lobbyiste de Toyota, Martin Geoffroy, qui a été attaché politique de l’ex-premier ministre libéral Daniel Johnson. M. Geoffroy était aussi présent au Japon durant la mission.
La question est délicate, car TEQ a financé un projet pilote de station-service à l’hydrogène. Le Journal révélait la veille que sept proches du PLQ et du PLC sont devenus des lobbyistes dans l’offensive destinée à promouvoir l’automobile à hydrogène, qui vient de recevoir l’appui financier des gouvernements Couillard et Trudeau.
Pierre Moreau a argué que des mesures ont été mises en place, sans les préciser. Il affirme qu’il n’y a eu aucun « contact » entre Mme St-jean et la filière de l’hydrogène, une affirmation qui a provoqué les railleries de la députée Agnès Maltais, qui a soutenu que c’était difficile d’éviter les contacts lorsqu’on dort dans la même chambre d’hôtel.
Pierre Moreau a indiqué que son prédécesseur Pierre Arcand, qui est maintenant président du Conseil du trésor, était « informé de cette situation » et que des mesures « ont été prises ».
ENQUÊTE DEMANDÉE
La réponse n’a pas satisfait Sylvain Gaudreault, qui a demandé une enquête pour faire la lumière sur la « filière libérale de l’hydrogène ».
Pierre Moreau a alors accusé l’opposition officielle d’être sexiste. « Au 21e siècle, on n’a pas à croire que l’emploi d’une personne de sexe féminin dépend de l’emploi occupé par son mari », a-t-il déploré.
Du côté de Transition énergétique Québec, on indique que Mme St-jean était en effet responsable de la mission au Japon puisqu’elle a déjà été directrice adjointe du Protocole au gouvernement du Québec.
« En aucun temps, elle n’a pris part aux discussions sur le développement de la filière hydrogène », a précisé l’organisme.