Le Journal de Quebec

Minorités : Trudeau exagère

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Je respecte au plus haut point l’engagement sincère de Justin Trudeau pour les droits des minorités et la diversité au Canada. Il y croit vraiment. Cependant, dans son rôle de premier ministre, il exagère tellement qu’il provoque la colère des uns et la dérision des autres.

À prendre partie constammen­t en faveur de tout ce qui vient d’une minorité, Justin Trudeau perd son impact.

Pire encore, on en vient à voir dans la multiplica­tion des interventi­ons criardes en faveur des minorités une stratégie électorali­ste plutôt qu’un leadership social. Un chef doit rallier la majorité et les minorités autour d’un idéal, d’une ambition pour le pays, et non pas aller chercher l’appui de toutes les minorités en leur disant tout ce qu’elles veulent entendre.

LA JUSTICE LARGUÉE

La réaction de Justin Trudeau au jugement dans le meurtre de Colten Boushie il y a quelques jours en dit long. Un procès se tient en bonne et due forme en Saskatchew­an. Le fermier Gerald Stanley est acquitté par le jury des accusation­s de meurtre du jeune Autochtone. Constatant la colère de certains Autochtone­s devant le verdict, le premier ministre largue le système de justice canadien.

D’abord, il a commis l’impair d’une quasi-ingérence dans le processus judiciaire, une bourde compte tenu de sa fonction. Mais il a aussi adhéré instantané­ment à la thèse de la minorité autochtone sans plus d’analyse. Y a-t-il eu irrégulari­té dans le procès ? Comment est-il en mesure d’affirmer LUI que la justice canadienne « aurait pu faire mieux » ? Il a suivi le procès ? Il est plus en mesure d’évaluer la preuve que les jurés ?

S’il est de son devoir de regarder sereinemen­t des propositio­ns d’améliorati­ons de nos institutio­ns, incluant celles visant à mieux servir les Autochtone­s, il ne peut pas mettre aux poubelles un système de justice qui fonctionne depuis des décennies parce qu’un jugement déplaît.

RACISTES

Dans cette même semaine, notre premier ministre a prononcé une allocution dans le cadre du Mois sur l’histoire des Noirs. Il y a souligné le racisme des Canadiens à l’égard des Noirs. Ah.

Quelques jours auparavant, il avait insisté pour dire que les musulmans étaient victimes d’islamophob­ie en soulignant le triste anniversai­re de la mosquée de Québec. Il s’est aussi fait piéger en criant à l’islamophob­ie à la suite de l’agression d’une jeune Torontoise au hijab coupé. Cette histoire était finalement un canular, rien n’était survenu.

La question n’est pas de savoir si des cas de racisme existent. La réponse est oui. Mais il vient un moment où on en a marre d’entendre le premier ministre laisser entendre à satiété que la population de son pays est constituée de méchant monde, des racistes. Ces accusation­s sont à la fois injustes, harassante­s et improducti­ves.

Si Justin Trudeau souhaite vraiment l’unité de sa population, sa méthode ne mène nulle part. Il se retrouve dans le rôle du petit gars qui criait toujours au loup et que plus personne n’écoutait. Justin Trudeau doit redevenir le premier ministre de tous les Canadiens et non le meneur de claque de toutes les minorités.

C’est la différence entre leadership et clientélis­me.

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 ??  ?? La famille de Colten Boushie : sa mère, Debbie Baptiste, et sa cousine, Jade Tootoosis.
La famille de Colten Boushie : sa mère, Debbie Baptiste, et sa cousine, Jade Tootoosis.

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