Le Journal de Quebec

FOURCADE DÉTRÔNÉ BOERELANCÉ

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PYEONGCHAN­G | (AFP) Dépité : alors que le record français de quatre titres olympiques lui tendait les bras, Martin Fourcade a commis deux erreurs fatales au tir et annihilé toutes ses chances (5e) lors de l’individuel des olympiades d’hiver qui a couronné pour la première fois son plus grand rival, le Norvégien Johannes Boe, hier à Pyeongchan­g.

Que s’est-il passé dans la tête de Fourcade ? Le roi du biathlon, d’habitude maître de ses émotions et infaillibl­e quand il s’agit de cueillir les lauriers et de terrasser ses adversaire­s, a péché au pire moment. Lui qui était à deux doigts de rejoindre les escrimeurs Christian d’oriola et Lucien Gaudin comme athlète français le plus sacré aux JO, été et hiver confondus, a soudaineme­nt eu la main qui tremble et a raté le coche de manière inexplicab­le.

Cette place unique dans l’histoire du sport français, dont Fourcade mesure plus que quiconque l’importance et dont il a fait son Graal, il devra désormais aller la chercher avec les tripes lors des trois dernières occasions qui s’offrent à lui d’ici la fin des Jeux (relais, relais mixte).

Tout s’était pourtant déroulé jusque-là comme dans un rêve au cours de l’individuel, le Français s’avançant vers sa deuxième médaille d’or de ces Jeux, après la poursuite lundi, avec un 18 sur 18 à la carabine.

ERREURS FATALES

Il ne lui restait plus que deux cibles à blanchir pour écrire une nouvelle page de sa légende. Et c’est là qu’il a commis deux fautes indignes de son talent. « Ce n’est pas de la déception, c’est de la colère, parce que ça passe à rien, s’est lamenté le sextuple tenant de la Coupe du monde. Je donne un titre olympique. Je n’ai pas réussi à conserver le niveau d’attention, le niveau de performanc­e que requièrent le haut niveau et un titre olympique. Sur la fin de ce dernier tir debout, je laisse tout partir et tout l’effort que j’ai fait sur le début de la course ne sert plus à rien et je viens échouer au pied du podium. »

BOE RELANCÉ

L’origine de cette défaillanc­e est peutêtre à chercher dans la petite trachéite qui l’a handicapé ces derniers jours et qui l’a obligé à prendre des antibiotiq­ues, selon les membres du personnel des Bleus. Son compteur reste en tout cas bloqué à trois titres olympiques (deux à Sotchi en 2014, un en 2018), mais la quête du record va l’obnubiler d’ici le terme de cette quinzaine sud-coréenne. Après son échec sur le sprint dimanche, il avait su réagir 24 heures plus tard sur la poursuite. Son orgueil de nouveau atteint, saura-t-il rebondir de la même manière ? Pour remuer encore un peu plus le couteau dans la plaie et ne rien arranger à son aigreur, Fourcade a offert comme sur un plateau cet Individuel à son meilleur ennemi, Johannes Boe, vainqueur devant le Slovène Jakov Fak et l’autrichien Dominik Landerting­er.

Le Norvégien, qui donne du fil à retordre cette saison au Français avec huit victoires sur 15 courses, monte pour la première fois à 24 ans sur la première marche du podium malgré un 18/20 au tir, comme Fourcade.

« Je suis très fier, gagner aux Olympiques est le plus beau titre que vous pouvez remporter en tant qu’athlète, a déclaré Boe. Aujourd’hui, j’ai eu beaucoup de chance. Je savais qu’après avoir fait une erreur au premier tir, je ne pouvais plus me permettre d’en faire d’autres si je voulais une médaille. Quand j’ai fait ma deuxième erreur au dernier tir je pensais que mes chances de médaille s’étaient envolées. »

En grande difficulté sur les deux premières courses, le Viking semblait mal vivre son statut naissant dans un pays où le biathlon fait office de religion. Il est enfin débarrassé d’une lourde charge et fera le match dès dimanche avec Fourcade sur le départ de masse.

Interrogé pour savoir si le duel avec Boe était relancé, Fourcade a lâché : « Pas à mon goût. » L’ogre du biathlon a la rage.

 ?? PHOTOS AFP ?? Roi du biathlon, le Français Martin Fourcade avait la mine déconfite après l’individuel. En mortaise, le vainqueur Johannes Boe.
PHOTOS AFP Roi du biathlon, le Français Martin Fourcade avait la mine déconfite après l’individuel. En mortaise, le vainqueur Johannes Boe.

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