SHIFFRIN BRISE LA GLACE DÈS LE DÉPART
PYEONGCHANG | (AFP) Première course et première victoire : la prodige américaine Mikaela Shiffrin a magistralement ouvert son compteur, hier, à Pyeongchang, en remportant nettement le géant dames des JO-2018, marqué par la défaillance de Tessa Worley, l’une des grandes favorites de la course, seulement septième.
La skieuse de Vail, au Colorado, qui convoite quatre médailles d’or à Pyeongchang, en a déjà obtenu une et lance ainsi parfaitement ses Jeux avant de poursuivre son formidable pari avec deux autres épreuves ces deux prochains jours, le slalom aujourd’hui puis le super-g demain. Il lui restera ensuite une ultime bataille à mener sur le super-combiné, le 23 février.
Boulimique durant tout l’hiver avec dix victoires en Coupe du monde, l’américaine de 22 ans avait connu un gros creux en janvier. Mais elle s’est ressaisie au meilleur moment pour ajouter un deuxième succès aux JO à son palmarès après celui de Sotchi (slalom), en devançant la Norvégienne Ragnhild Mowinckel (+0,39) et l’italienne Federica Brignone (+0,46).
COMME DANS UN RÊVE
Tout s’est déroulé comme dans un rêve pour Shiffrin, deuxième en embuscade (+0,20) à l’issue de la première manche avant de lâcher les chevaux dans la seconde.
« Il y avait au moins quinze skieuses capables de l’emporter, a déclaré la nouvelle championne olympique. Donc je me suis dit qu’il fallait tout tenter. Souvent en géant, quand je termine en tête ou deuxième de la première manche, j’ai tendance à skier plus doucement la seconde, comme si je voulais protéger quelque chose. Mais il ne faut pas protéger sa place aux JO. J’ai vraiment donné mon meilleur. Prendre plus de risques, c’est quelque chose que je vais essayer de reproduire de plus en plus en Coupe du monde. »
Avec le poids du géant en moins, Shiffrin a dit ne pas craindre l’enchaînement des courses qui s’annonce.
SKIER SANS PRESSION
« C’est très bien de savoir que quoi que je fasse par la suite, je repartirai de ces Jeux avec quelque chose, a-t-elle expliqué. Je savais en arrivant que j’étais capable de ramener des médailles sur différentes disciplines, mais je savais aussi que je pourrais ne rien gagner. Là, j’ai déjà quelque chose, c’est super et je peux désormais skier pour moi-même, sans pression. »
La joie de Shiffrin contrastait avec la détresse de Tessa Worley. Double championne du monde (2013, 2017) et tenante du petit Globe de cristal de la spécialité, la skieuse de 28 ans nourrissait de grandes ambitions et rêvait de rejoindre Marielle Goitschel, seule Française sacrée aux JO en slalom géant en 1964, dans le livre d’or du ski tricolore. Mais une première manche totalement manquée a ruiné tous ses espoirs, laissant le beau rôle à une Shiffrin qui n’en demandait pas tant.
LA MALÉDICTION DES JO ?
Décidément, les Jeux d’hiver se refusent à Worley. Gravement blessée au genou, elle avait dû renoncer la mort dans l’âme à ceux de Sotchi en 2014, un an après son premier titre mondial.
Cette année, ce n’est pas son corps qui l’a trahie, mais une fin de première manche catastrophique, qui l’a d’emblée reléguée à la quatorzième place, à 1 sec 44 de la tête. Un condensé d’une saison en dents de scie marquée par des démarrages poussifs et couronnée d’un seul succès, juste avant le départ pour Pyeongchang, à Lenzerheide, en Suisse, le 28 janvier.
« Je suis triste, je suis hyper déçue, a déclaré la Française, effondrée et en pleurs dans les bras de ses entraîneurs à l’arrivée. Un scénario comme ça qui arrive ce jour-là, c’est tellement dommage. Je passe à côté d’un rêve », a dit Worley.