Mais quelle idée idiote !
Une auteure britannique féministe a lancé un nouveau prix littéraire.
Le Staunch Book Prize vise à récompenser un thriller dans lequel « aucune femme n’est battue, traquée, exploitée sexuellement, violée ou assassinée ».
Tout ça, bien sûr, dans l’esprit de dénoncer toute violence faite aux femmes dans cette ère post #Moiaussi.
Un gars peut se faire planter un pic à glace dans le dos, découper en morceaux par une tronçonneuse ou se faire frapper par un chandelier dans la bibliothèque par le Colonel Moutarde, c’est pas grave ! Mais par contre, ne touchez pas aux femmes.
NETTOYAGE LITTÉRAIRE
Ce néo-féminisme qui vise à placer les femmes dans une petite catégorie à part, comme si elles méritaient un traitement différent, ne sert en rien la cause.
Les meurtres existent, les viols existent, les violences physiques existent.
Est-ce qu’on veut vraiment que les auteurs parlent uniquement de ce qui va bien, de licornes, de petits oursons et de lapins joyeux qui ne lancent jamais de mûres sur des personnes allergiques ?
Et puis, si on ne montre plus de femmes battues, on arrête de faire des livres (et des séries) comme Big Little Lies, alors ?
La liste commence à être longue de tous les sujets que tu ne peux plus aborder.
La féministe qui est à l’origine de ce prix, Bridget Lawless, a expliqué au site The Book Seller qu’elle était tannée « de voir des femmes maltraitées ». Elle considère que ces abus et cette violence dans les thrillers sont « décrits de façon tellement détachée qu’on fait passer les femmes pour des victimes “naturelles” de violences, de viols et de meurtres ». C’est toute une militante qu’on a ici. En janvier, cette scénariste a déclaré qu’elle ne voterait pas cette année aux BAFTA (les Oscars britanniques) tant qu’on ne pourrait pas l’assurer qu’aucune personne n’a été maltraitée dans la production du film.
Voici une traduction libre de son texte paru dans The Guardian.
« Je regarde des films, mais on me demande de voter à l’aveugle. Il n’y a pas de message à la fin du générique disant : “Aucun artiste ou employé n’a été physiquement ou psychologiquement abîmé dans la production de ce film”. Mais ce serait génial si ça existait.
« Les clients, et dans ce cas-ci le public, devraient pouvoir acheter et consommer des produits de divertissement avec la même conscience tranquille qu’ils ont quand ils achètent des vêtements et des aliments responsables.
Je ne veux pas me rendre compte après coup que j’ai aidé ne serait-ce qu’un prédateur à connaître un moment de gloire. »
LA CRUAUTÉ ENVERS LES HUMAINS
Alors, après les thrillers propres, propres, propres, les films 100 % purs ? Après les organismes de protection des animaux qui approuvent les tournages pour dire qu’aucun Pitou ou Minou n’a été maltraité, on va créer une Société protectrice des actrices (et éventuellement des acteurs) qui va assister aux castings et aux tournages pour vérifier que personne ne se fait passer une main dans la culotte ? On va donner aux producteurs, réalisateurs, comédiens un certificat de bonne conduite ?
Et pourquoi pas un examen médical aussi, tant qu’à y être ? « Cette maladie transmise sexuellement, vous l’avez attrapée en couchant avec votre femme ou en sautant une petite starlette ? »