Le Journal de Quebec

Au-dessus de la mêlée

Panthène noire s’écarte des films de superhéros

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Panthère noire, le nouveau blockbuste­r de Marvel détonne dans le paysage cinématogr­aphique américain à plus d’un titre. Car T’challa (Chadwick Boseman), le roi du Wakanda et un superhéros connu des siens comme étant la Panthère noire, ne sauve pas le monde.

T’challa doit avant tout sauver son pays du péril représenté par Ulysses Klaue (Andy Serkis), un criminel blanc qui veut mettre la main sur le vibranium, métal indestruct­ible qu’on ne trouve que dans la nation africaine. Il doit également, après la mort de son père, assurer sa position sur le trône, celle-ci étant mise en doute par Killmonger (Michael B. Jordan).

L’intelligen­ce du réalisateu­r et coscénaris­te Ryan Coogler est d’avoir su éviter le piège d’une parabole des tensions raciales existant aux États-unis. En faisant se dérouler la presque intégralit­é du scénario au Wakanda, il s’assure ainsi de tuer les critiques dans l’oeuf, et rappelle aux Afro-américains qu’ils ont toutes les raisons d’être fiers de leur passé et donc de leur présent. Il fait ainsi de ce Panthère noire, non pas un film sur la supériorit­é noire, mais un sur la supériorit­é de l’afrique, le berceau de l’humanité ; un point renforcé par le fait que tous les acteurs adoptent un accent africain dans la version originale.

CRITIQUES

Les piques contre les Blancs, ravalés au rang de « colonisate­urs », ne manquent pas, les dialogues jouant habilement, et avec beaucoup d’humour, sur les préjugés tenaces à l’endroit des Noirs. Les critiques contre la société occidental­e, vénale et cupide, sont aussi légion. Ici, l’afrique est le modèle moral, philosophi­que, économique et culturel, le Wakanda, pays vierge de toute influence blanche, étant l’idéal auquel tous ne peuvent qu’aspirer.

En fin de compte, les Noirs ne sont ni d’anciens esclaves ni de gentils sous-fifres. Maîtres de leur destin, ils n’ont besoin de personne pour leur venir en aide. En outre, les femmes ne sont pas reléguées au rang de trophées ou de faire-valoir. Dans un univers où T’challa détient ses pouvoirs d’une plante, Oyoke, sa générale, doit les siens à son entraîneme­nt, ses réflexes et sa force. C’est donc bien elle, et non la Panthère noire, qui obtiendra la reddition inconditio­nnelle des ennemis du souverain.

Panthère noire s’élève donc au-dessus de la mêlée des films du genre sans jamais renier sa vocation de film grand public. Les effets spéciaux, incluant les décors, sont à couper le souffle, la musique aux rythmes africains omniprésen­ts est en parfaite adéquation avec les images, les costumes sont une merveille de mélanges culturels tribaux, les scènes de combat sont élégantes, les acteurs, dont certains britanniqu­es, sont tous parfaits, de même que l’humour caustique qui arrive toujours à point nommé. Enfin, voici un film de superhéros qui est bien plus que cela.

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PHOTO COURTOISIE MARVEL STUDIOS, MATT KENNEDY Lupita Nyong’o (Nakia) et Letitia Wright (Shuri) dans Panthère noire, un film signé Marvel.

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