QUAND MONTRÉAL PREND DES AIRS DE CHICAGO
Maxime Demers
Si on décernait des prix pour les meilleures villes au cinéma, Montréal aurait certainement déjà été récompensée pour sa versatilité. La métropole québécoise s’est en effet souvent illustrée dans des productions hollywoodiennes en se faisant passer pour de grandes villes américaines ou européennes. C’est encore le cas avec Un justicier dans la ville, nouveau film avec Bruce Willis dans lequel Montréal se transforme en Chicago.
On commence à avoir l’habitude de reconnaître des coins de rue ou des édifices de Montréal dans des films dont l’histoire se déroule à New York, Paris ou Boston. Les exemples sont nombreux, de L’étrange histoire de Benjamin Button à L’aviateur en passant par Le terminal. Ces films (et plusieurs autres) ont tous utilisé Montréal comme décor pour des scènes situées dans d’autres villes.
Il y a quelques années, le cinéaste Robert Zemeckis ( Forrest Gump) avait transformé une partie du Vieux-montréal en Paris des années 1960 pour le tournage de son film The Walk, sur le funambule français Philippe Petit. L’effet était renversant. En remplaçant les enseignes des commerces montréalais d’une portion de la rue Saint-paul par des façades de style parisien, Zemeckis et son équipe avaient réussi à recréer un Paris de l’époque parfaitement crédible.
Dans le même genre de transformation, on a aussi vu récemment Montréal servir de décor pour le New York des années 1950 dans Brooklyn, drame historique nommé aux Oscars il y a deux ans. En 2013, le réalisateur de la comédie d’action Red 2 avait poussé l’audace jusqu’à utiliser la métropole québécoise pour des scènes de son film se déroulant à Paris, Londres, Washington et même Moscou !
ARCHITECTURE ÉCLECTIQUE
Montréal peut maintenant ajouter une autre ville à la liste : Chicago. Le thriller Un justicier dans la ville ( Death Wish), qui prend l’affiche dans deux semaines, met en vedette Bruce Willis dans le rôle d’un médecin de Chicago qui se transforme en machine à tuer après que sa femme a été assassinée par un gang de criminels. Or, la majeure partie du film a été tournée à Montréal à l’automne 2016.
Sachant cette information, j’ai porté une attention particulière aux décors du film en le visionnant plus tôt cette semaine. J’ai reconnu notamment un restaurant du quartier branché Griffintown, quelques plans du centre-ville et un coin de rue du Vieux-montréal. Mais le commun des spectateurs n’y verra que du feu. Le réalisateur Eli Roth a tourné plusieurs plans larges et séquences aériennes de Chicago, ce qui fait qu’on a vraiment l’impression d’être plongé dans la ville des vents. C’est aussi ça, la magie du cinéma.
Au-delà des crédits d’impôt alléchants, la versatilité de Montréal est justement un des éléments qui attirent les producteurs étrangers dans la Belle Province. Dans un dossier publié le mois dernier dans le magazine américain Movie Maker, Montréal a été classé au dixième rang des meilleures villes où s’installer pour tourner un film en Amérique du Nord. On y vante notre qualité de vie, notre architecture éclectique, le talent et l’expérience de nos techniciens, mais aussi, bien sûr, le fait que la métropole québécoise peut passer autant pour une ville nord-américaine qu’une ville européenne. L’histoire ne dit pas toutefois si les cônes orange et les nids-de-poule font partie des charmes de la ville…