UN PLAISIR RETROUVÉ À TEMPS
Laurent Dubreuil a vu sa sélection brimée parun différend
GANGNEUNG | Ça aurait dû être l’expérience la plus exaltante dans la carrière de Laurent Dubreuil, mais ses nerfs éprouvés durant les dernières semaines commencent à peine à se relâcher pour l’aider à savourer sa première expérience olympique.
« Je veux juste faire de mon mieux. Que je finisse 1er, 5e, 10e, 25e ou 36e ou dernier, je vais être heureux parce que j’ai fait de mon mieux et que j’ai été capable de recommencer à avoir du plaisir », disait hier le patineur originaire de Lévis à l’approche de l’épreuve spectaculaire du 500 m à l’ovale de Gangneung (lundi à 6 h 53 heure du Québec).
Dubreuil aurait préféré s’amener à Pyeongchang avec le même bonheur que les autres patineurs canadiens qui s’étaient qualifiés aux sélections olympiques au début du mois de janvier. Le film qui l’a conduit ici en a plutôt été un de suspense.
Son calvaire préolympique avait débuté lorsque William Dutton, qui a fini deuxième à l’épreuve de 500 m des sélections, n’a pas obtenu pour autant sa place aux Jeux puisqu’il n’avait jamais réussi le critère requis du 16e meilleur chrono international de la saison. Selon les règles en vigueur, Dubreuil, auteur de ce standard depuis un an, lui a été préféré pour se joindre à Alex Boisvert-lacroix et Gilmore Junio, même s’il a terminé quatrième à cette course.
EN APPEL
Après avoir échoué le lendemain dans une nouvelle tentative de réussir le standard, Dutton a insisté en portant sa cause en appel devant le Centre de règlement des différends sportifs du Canada. Selon lui, son meilleur chrono durant le processus de sélection olympique des deux dernières années l’aurait situé parmi les 16 meilleurs au monde si Patinage de vitesse Canada avait exclu de leur mécanisme de calculs les Russes bannis pour dopage.
Le délai des procédures s’est étiré et Dubreuil n’a finalement obtenu sa confirmation au 500 m que le 25 janvier. Le mal était déjà fait sur son moral.
« Ç’a été très éprouvant. Ça ne sert à rien de me mentir. Même si je mentais avec mes paroles, je sais en dedans comment je me suis senti. Je n’avais jamais senti un si mauvais stress dans ma vie », a avoué l’athlète de 25 ans, également qualifié pour l’épreuve de 1000 m de vendredi prochain.
« LE PLAISIR ÉTAIT TELLEMENT LOIN »
Une tuque du Canada sur la bouille, Dubreuil semblait plutôt léger durant la courte séance d’entraînement d’une vingtaine de minutes le jour de notre visite. Son arrivée au Village olympique depuis le 1er février pourrait avoir replacé ses sentiments à temps pour sa première course.
« Quand je suis retourné à la maison et que je me battais pour ma place aux Jeux au 500 m, mon seul but dans le mois suivant, c’était d’avoir du plaisir. Le plaisir était tellement loin que je ne pouvais plus me souvenir comment c’était quand je m’amusais. Mais j’ai été capable de me ressortir de ce mode négatif », révèle-t-il.
« Oui, on patine pour des résultats, mais la journée où je n’aurai plus de plaisir à patiner, je vais prendre ma retraite. Quand j’ai commencé à patiner, à l’âge de 4 ans, ce n’est pas parce que mes parents me forçaient à patiner. Chaque année, on avait une réunion familiale et ils demandaient à chacun des trois enfants s’il voulait continuer à patiner. Si on disait non, il fallait au moins s’inscrire dans une autre activité.
J’ai gardé cette même mentalité. Si je n’aime pas ça, je vais arrêter et je vais passer à autre chose. Mais là, j’ai été capable de retrouver mon plaisir. Pour ça, je considère que c’est un succès parce que je ne savais pas si j’allais retrouver mon plaisir avant la prochaine saison et même avant les Jeux... »