Le Journal de Quebec

LE FONDS VERT POUR PAYER DE VIEILLES DETTES

Même pour le métro de Laval...

- BUREAU PARLEMENTA­IRE Charles Lecavalier l Clecavalie­rjdq charles.lecavalier@quebecorme­dia.com

Des dizaines de millions de dollars du Fonds vert sont utilisés pour rembourser les dettes des vieux projets du prolongeme­nt du métro de Laval et du Train de l’est, a appris Le Journal.

Pour l’année 2015-2016, le ministère des Transports (MTQ) a décaissé 110 M$ pour le prolongeme­nt du métro de Laval, pourtant lancé sous le gouverneme­nt Landry et mis en service en 2007. Au moment de l’inaugurati­on du métro, le Fonds vert venait à peine d’être créé. Le MTQ a aussi payé 114 M$ pour le Train de l’est, annoncé en 2007 et livré en 2014.

Ces montants proviennen­t du pro- gramme d’aide gouverneme­ntale au transport collectif des personnes, financé à près de 60 % par le Fonds vert durant cette année, selon un document présenté à des élus et obtenu par notre Bureau parlementa­ire.

Le MTQ explique que ces sommes « sont toujours versées pour rembourser des emprunts associés avec ces deux projets » et qu’ils sont « en lien » avec le Fonds vert, car il s’agit de transport en commun.

Le MTQ affirme réduire de 21 000 tonnes les émissions de GES grâce à ces projets en 2017.

INACCEPTAB­LE

Pour Philippe Cousineau-morin, directeur de Trajectoir­e Québec, cette situation est inacceptab­le. « La compréhens­ion publique du Fonds vert, c’est l’accélérati­on de la lutte au changement climatique. Ici, on se rend plutôt compte que le MTQ a trouvé une nouvelle façon de financer des projets passés », a-t-il déploré.

En 2014, le ministre de l’environnem­ent de l’époque David Heurtel annonçait une augmentati­on du prix à la pompe en raison du marché du carbone. Il expliquait alors que « l’objectif du Fonds vert, c’est d’investir dans l’économie québécoise pour justement qu’on dépende moins des carburants fossiles ». Dans ce cas-ci, ces millions payés en majorité par les automobili­stes québécois, qui paient depuis entre trois et quatre cents sur chaque litre d’essence, servent plutôt à casquer de vieilles dettes qui « cannibalis­ent » les nouveaux projets de transports collectifs, déplore M. Cousineau-morin.

Il n’est pas le seul à dénoncer cette pratique du MTQ. « C’est carrément un détourneme­nt de fonds », croit le porte-parole de Greenpeace Patrick Bonin. « C’est clair que les sommes devaient servir à de nouveaux projets. Là, on paie nos dettes. Ce n’est pas comme ça que le Fonds vert a été expliqué à la population », affirme-t-il.

« Ça n’a ni queue ni tête de comptabili­ser les réductions de GES du métro de Laval. C’est de l’acquis. Ça prend de nouvelles réductions pour atteindre les cibles », a-t-il indiqué.

LE CONSEIL DE GESTION APPROUVE

Le Conseil de gestion du Fonds vert, un organisme créé par le gouverneme­nt Couillard pour superviser les dépenses du Fonds, souvent critiquées, estime de son côté que le MTQ est dans son droit. « Ces sommes sont incluses dans les sommes virées du Fonds vert au FORT (Fonds des réseaux de transport terrestre), puisque ces deux projets ont une incidence directe sur la réduction des GES », dit-on dans une réponse écrite.

Le Conseil affirme par ailleurs qu’en raison de versements additionne­ls ultérieurs provenant d’autres sources, le Fonds vert n’a payé que 41 %, soit près de 90 M$, pour ces dettes en 2015-2016.

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