Les parents qui fument en cachette
Vous n’en avez pas ras le bol des curés qui ne cessent de nous faire la leçon ?
Ne fume pas, ne bois pas trop, ne mange pas de viande, ne regarde pas tel film (trop violent), n’écoute pas telle chanson (trop sexiste), ne prends pas ton auto, etc.
Pouvez-vous nous foutre la paix ?
L’HYPER MATERNITÉ
Dans son essai L’homme est l’avenir de la femme, Natacha Polony déplore le fait que nos sociétés soient devenues trop maternantes.
« Qu’y a-t-il de pire que le totalitarisme incarné par la figure orwellienne de Big Bother ? » demande-telle.
« L’amour étouffant et fusionnel d’une mère nourricière dont la sollicitude immédiate et permanente vous interdit de devenir adulte. »
Au moins, Big Brother est détestable.
On peut l’attaquer, le confronter, le jeter en bas de son socle, sans éprouver le moindre remords.
Mais comment se révolter contre quelqu’un qui veut votre bien ?
Comment combattre une personne ou un organisme qui ne pense qu’à votre bonheur, qu’à votre bien-être ?
Dans De la démocratie en Amérique (publié, rappelons-le, en 1825, il y a 183 ans), Alexis de Tocqueville consacre quelques phrases à cette situation.
« Au-dessus des hommes s’élève un pouvoir immense, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, prévoyant et doux. »
« Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril. Mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance. »
On attaque beaucoup le patriarcat, depuis quelque temps, qu’on associe — peut-être à raison — à l’exploitation et à la domination.
Mais le matriarcat n’est pas mieux.
C’est une autre forme de pouvoir.
Il n’étouffe pas par excès d’arrogance et d’autorité. Il étouffe par excès d’amour et de bienveillance.
LA TABLE DES ENFANTS
L’autre jour, je suis allé souper chez des amis qui ont des enfants. Pendant la soirée, l’homme est sorti quelques minutes pour « aller acheter du lait pour le café ».
En fait, il est allé fumer en cachette de ses enfants…
L’image est parfaitement représentative de notre époque. Nous vivons dans une société où les parents se cachent pour fumer.
Il fut un temps où c’était les parents qui régnaient dans la maison. Maintenant, ce sont les enfants.
Avant, quand on mangeait entre amis, il y avait la table des enfants (qui avaient des discussions d’enfants) et la table des adultes (qui avaient des discussions d’adultes).
Maintenant, non seulement les enfants de sept, huit ans mangent-ils avec les adultes, mais ils se mêlent de leurs discussions.
Pire : ils ont des opinions ! Qu’il faut prendre en considération !
La vie n’est pas un épisode de Passe-partout…
LA JUPE DE MAMAN
Même notre conception de la sexualité est enfantine.
Avant, la sexualité était une forêt sombre peuplée de gros méchants loups. On s’y aventurait avec prudence.
Maintenant, on voudrait que la sexualité soit un joli jardin peuplé de gentils lapins.
Désolé, c’est plate, mais le monde n’est pas comme ça.
La vie n’est pas un épisode de Passe-partout, lisse, doux et dépourvu d’accrocs.
Oui, on est bien, sous la jupe de maman, c’est sécurisant, apaisant, douillet.
Mais à un moment donné, faut en sortir. Et affronter la vraie vie.