Le Journal de Quebec

Médicament prometteur au prix astronomiq­ue

- SOPHIE CÔTÉ

Alors qu’il n’existe au Canada aucun traitement pour guérir ni même stopper les effets d’une rétinite pigmentair­e qui peuvent mener à la cécité totale, un médicament américain prometteur, mais extrêmemen­t coûteux, vient tout juste d’être commercial­isé aux États-unis.

Il s’agit d’une percée majeure, explique Dre Cynthia Qian, rétinologu­e, puisque le Luxturna devient le premier traitement mondial scientifiq­uement prouvé qui vise à guérir ou améliorer la vision des patients qui sont atteints d’une forme de rétinite pigmentair­e. Il a été approuvé par la Food and Drug Administra­tion (FDA) en décembre dernier après dix ans de recherche.

Il s’agit cependant seulement d’un premier pas. Le Luxturna, un des médicament­s les plus chers au monde (850 000 $ pour les deux yeux), est dédié à traiter un seul type de rétinite pigmentair­e, la RPE65, une forme plutôt rare de cette maladie dégénérati­ve de l’oeil. Il existe au total une soixantain­e de types différents de rétinites pigmentair­es. « C’est quand même très prometteur, mentionne la spécialist­e. L’espoir, c’est que ce modèle de traitement pourrait se propager et venir vers les autres formes de rétinite pigmentair­e, dont le Usher, qui est une forme très répandue et très étudiée », souligne Dre Qian, ajoutant qu’il faudra tout de même attendre plusieurs années avant de voir de telles avancées.

UNE SOLUTION NON RECOMMANDÉ­E

Quant à la solution cubaine, la rétinologu­e explique que les ophtalmolo­gistes ne la recommande­nt pas aux Québécois principale­ment en raison d’un manque de preuves scientifiq­ues. « Ils proposent que ça marche parce que l’oxygène [dans l’oeil] est augmenté, mais il n’y a pas de mesures scientifiq­ues objectives pour mesurer leurs données. […] Et c’est aussi l’approche un peu globale à Cuba que le même traitement fonctionne pour différents types de rétinites pigmentair­es qui rend les gens un petit peu douteux », indique-t-elle, rappelant qu’il s’agit d’une maladie « génétique ».

« Donc, sur une base scientifiq­ue, il n’y a rien qui va avec le côté “oxygène” », soulève celle qui, tout de même, comprend le désespoir de certains.

« C’est sûr qu’en tant que médecin, je ne peux pas recommande­r ça. Estce que moi, si j’étais patient, je ferais autrement ? Je pense que c’est autre chose. Je peux comprendre que certains de mes patients veulent y aller parce qu’ils préfèrent faire quelque chose que d’attendre que la vision se perde petit à petit », soutient Dre Qian, qui concède qu’aucun cas de complicati­ons « énormes » au retour de Cuba n’a été recensé. « Est-ce que quelqu’un a complèteme­nt perdu son oeil à cause de ça? Pas nécessaire­ment, dit-elle. Mais est-ce que c’est des gestes inutiles qui n’ont pas besoin d’être posés ? Peut-être. »

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